Papillomavirus : comment s'en protéger ?

Les papillomavirus sont à l'origine de 5 à 10% de la totalité des cancers dans le monde, comme le cancer du col de l'utérus mais aussi certains cancers de la gorge ou de l'anus. Entre la polémique autour du vaccin Gardasil destiné aux jeunes filles et une certaine méconnaissance de leur potentielle gravité, les papillomavirus font beaucoup parler d'eux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Papillomavirus : comment s'en protéger ?

Qu'est-ce que le papillomavirus (HPV) ?

Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé présentent le papillomavirus
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé présentent le papillomavirus

Les papillomavirus sont en fait un groupe de virus que la plupart des personnes sexuellement actives ont rencontré. Certains papillomas ne provoquent que des verrues tandis que d'autres sont capables de faire apparaître des condylomes, voire des cancers.

Quand on a été infecté, dans la plupart des cas, le corps parvient à éliminer le virus. Mais dans 20% des cas, l'infection persiste. Au bout de plusieurs années, dix à vingt ans, des lésions peuvent apparaître. Selon le type du virus HPV, la cible d'attaque change. Les lésions peuvent être localisées au niveau de la peau, des muqueuses génitales ainsi que la sphère ORL. Au niveau génital, en plus du cancer du col de l'utérus, le papillomavirus est responsable de celui de la vulve, du vagin mais aussi de l'anus, du rectum et du pénis.

Ce virus agit sournoisement durant plusieurs années. Quand il est installé dans l'organisme, il s'infiltre dans les cellules de la muqueuse et les endommage. Ces cellules deviennent lentement des cellules précancéreuses. Pour le col de l'utérus, 60% des lésions précoces disparaissent après traitement. Ce chiffre tombe à 32% quand les lésions détectées sont découvertes à un stade plus avancé, d'où l'importance du dépistage par les frottis aussi bien au niveau génital qu'anal.

De plus, depuis 2006, un premier vaccin contre quatre souches du virus HPV est disponible et un nouveau vaccin contenant en tout neuf souches a été développé. Pourtant, les chiffres du dépistage et de la vaccination sont plus faibles en France que dans le reste de l'Europe.

Un nouveau vaccin contre le papillomavirus

Grâce à la vaccination contre le papillomavirus des jeunes filles mais aussi des garçons, l'Australie est sur le point d'éradiquer le cancer du col de l'utérus. En France, nous sommes encore loin du compte.

80% des femmes et des hommes risquent de contracter le HPV lors des premiers rapports sexuels. La plupart du temps, l'organisme parvient à l'éliminer mais quand il persiste, il provoque des lésions irréversibles (cancer du col de l'utérus, cancers anaux, cancers ORL…).

Pour s'en prémunir, il existe un vaccin : le Gardasil. Lorsqu'il est inoculé à une jeune femme par exemple, une barrière d'anticorps vient tapisser les muqueuses génitales. Lorsque les souches du virus 16, 18, 6 et 11 arrivent au niveau des muqueuses, cette barrière protectrice les empêche d'entrer dans les cellules. La contamination n'est plus possible. Avec la nouvelle version du vaccin, les souches 31, 33, 45, 52 et 58 du virus sont elles aussi stoppées.

L'efficacité du nouveau vaccin est estimée à 92%. Il n'est pas obligatoire, simplement recommandé par les autorités sanitaires : deux doses pour les filles de 11 à 14 ans et trois doses pour les filles de 15 à 19 ans.

Malgré les recommandations, la France est en retard par rapport à ses voisins européens. Seules 15% des filles sont vaccinées contre 86% en Angleterre ou 71% en Italie. En cause une défiance vis-à-vis de ce vaccin et de ses potentiels effets indésirables. Pourtant, il a bien été prouvé que ce vaccin est sans danger.

Bien que le nouveau vaccin ait obtenu son autorisation de mise sur le marché, il n'est toujours pas disponible. En 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a élargi l'indication de la vaccination aux jeunes hommes homosexuels jusqu'à 26 ans.

Papillomavirus : un suivi indispensable

Certains hôpitaux disposent de consultations spécifiques pour assurer le dépistage et le suivi des personnes à risque ou déjà infectées par le papillomavirus.

Lorsqu'une infection par un papillomavirus est dépistée, un traitement et un suivi régulier sont mis en place. Lors des consultations de contrôle, le médecin réalise différents examens (examen à l'oeil nu, frottis, anuscopie, biopsies...) pour rechercher le papillomavirus, détecter les cellules anormales et évaluer l'évolution de l'infection.

Le dépistage du papillomavirus au niveau anal est systématiquement proposé aux hommes et aux femmes infectés par le VIH mais aussi aux femmes qui ont eu un cancer du col de l'utérus.