Condylomes : les verrues génitales

Plus connus sous le nom de "crêtes de coq" ou de verrues génitales, les condylomes sont des lésions génitales externes dues au virus HPV, le papillomavirus. Il s'agit de la deuxième infection sexuellement transmissible la plus fréquente après les infections à chlamydia.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Condylomes : les verrues génitales

Qu'est-ce qu'un condylome ?

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes présentent les différents types de condylomes.
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes présentent les différents types de condylomes.

On estime que 3 à 5% de la population française présente des lésions cliniques. Les plus touchés par les condylomes sont les jeunes de 20 à 25 ans et les personnes immunodéprimées.

Il existe plusieurs types de condylomes :

  • les condylomes acuminés : ce sont des lésions bourgeonnantes, uniques ou multiples, rosées ou grisâtres, plus ou moins pédiculées (c'est-à-dire reposant sur une sorte de pied).
     
  • les condylomes papuleux : ce sont des papules multiples, rosées ou de couleur de peau normale, à surface lisse, isolées ou en nappes.
     
  • les condylomes plans : ce sont des macules rouges ou rosées de la muqueuse anale, les condylomes plans ne sont pas visibles à l'oeil nu.

Chez l'homme, les localisations les plus fréquentes sont le pénis, le prépuce externe et interne, le gland et la région péri-anale. Alors que chez la femme, les condylomes se localisent sur la vulve, le périnée, les grandes lèvres et les petites lèvres, la région péri-anale voire la bouche.

Les condylomes apparaissent en général trois à six mois après l'infection initiale, mais le virus peut également rester à l'état latent, c'est-à-dire endormi pendant plusieurs mois, voire des années. Dans la plupart des cas, les condylomes sont des lésions bénignes, mais il est important de les éliminer car certaines souches du virus peuvent provoquer l'apparition de cancers.

Condylomes : les traitements

Attention images de chirurgie ! Les condylomes sont retirés un à un avec un bistouri électrique.
Attention images de chirurgie ! Les condylomes sont retirés un à un avec un bistouri électrique.

La taille et l'étendue des condylomes vont déterminer le choix du traitement. Lorsqu'ils sont peu nombreux, on utilise une crème à base de podophylline ou d'acide trichloroacétique. Quand les condylomes sont étendus, un traitement par le froid à base d'azote liquide ou un traitement par laser peuvent être proposés. Mais le traitement le plus fréquent reste l'électrocoagulation.

Si l'opération des condylomes est considérée comme une opération bénigne, elle nécessite cependant une anesthésie générale : "Etant donné que la région est très sensible, bien innervée, elle peut être douloureuse après l'intervention. On choisit donc l'anesthésie générale pour le confort du patient", explique le Dr Milad Taouk, gastro-entérologue et proctologue.

C'est la découverte d'excroissances autour de la marge anale qui motive le plus souvent les patients à consulter. Mais avant de détruire les condylomes, le médecin vérifie l'état du canal anal. Une fois cette vérification effectuée, le médecin brûle les condylomes un par un avec un bistouri électrique. Une biopsie est ensuite pratiquée. Les échantillons sont envoyés au service d'anatomopathologie pour analyses : "Les condylomes peuvent être simples mais ils peuvent aussi être en voie de dégénérescence. On parle alors de dysplasie. Il ne s'agit pas de lésions cancéreuses mais ce sont des lésions potentiellement cancéreuses, précancéreuses", précise le Dr Taouk.

À la suite de l'intervention, les patients doivent laver la zone opérée avec un savon antiseptique et appliquer une crème hydratante pendant quelques jours. Et en cas de constipation qui pourrait occasionner des douleurs, un laxatif peut aussi être proposé.

Le condylome acuminé géant ou tumeur de Buschke-Löwenstein

Les condylomes sont de petites excroissances mais certaines souches papillomavirus, plus rares, peuvent provoquer des condylomes géants. On parle alors de tumeur de Buschke-Löwenstein. Le condylome a une forme circulaire. Ce type de condylome est très agressif et se développe en quatre à douze mois, le plus souvent chez des patients immunodéprimés.

Il est très fréquent que les patients attendent longtemps, trop longtemps, avant de consulter car ils ont honte. Pourtant, il y a un risque de dégénérescence en lésions cancéreuses. Pour éliminer ce condylome, le médecin peut intervenir en deux temps pour éviter que le geste ne soit trop douloureux pour le patient.

Le geste chirurgical n'est pas profond et s'arrête dès qu'on arrive sur des tissus sains. Et comme pour n'importe quel condylome, la pièce est ensuite envoyée au service d'anatomopathologie. Une crème hydratante, un savon antiseptique et des antalgiques sont recommandés pour les suites opératoires.

Condylomes : dépister et traiter les lésions précancéreuses

Un suivi régulier est recommandé pour dépister d'éventuelles lésions.
Un suivi régulier est recommandé pour dépister d'éventuelles lésions.

Lorsque des condylomes sont éliminés, les médecins vérifient toujours qu'il n'y ait pas de dysplasie, c'est-à-dire des lésions précancéreuses. Si tel est le cas, le chirurgien élimine alors toute la zone.

"Il y a globalement deux types de dysplasies. Il y a la dysplasie de bas grade, c'est-à-dire des petites modifications cellulaires dont on sait qu'une partie est réversible et dont l'autre partie peut éventuellement évoluer. Et parallèlement, il y a la dysplasie de haut grade qui, elle, est plus à risque d'évoluer vers le cancer et qui nécessite d'être traitée", explique le Dr Anne-Carole Lesage, gastro-entérologue et proctologue.

Les lésions précancéreuses sont dues au papillomavirus. Il s'agit du même virus impliqué dans plus de 99% des cancers du col de l'utérus chez la femme. D'où l'importance aujourd'hui de la vaccination chez les jeunes filles. Ce virus est aussi responsable de certains cancers de la sphère ORL, en particulier des amygdales. Un cancer en augmentation.

La découverte de condylomes doit conduire à un dépistage d'autres infections sexuellement transmissibles comme le VIH ou l'hépatite B. Il est également indispensable que le ou la partenaire procède à un examen.