Comment traiter la sécheresse vaginale liée à mon cancer du sein ?

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, les a posées à votre place à un spécialiste !

Mélanie Morin
Rédigé le , mis à jour le

Les gynécologues parlent de "sécheresse vulvo-vaginale" parce que la plupart du temps, elle touche l’extérieur de l’appareil génital féminin, la vulve, qui est en contact direct avec les sous-vêtements.

Cette sécheresse touche aussi l’intérieur, le vagin avec souvent des douleurs lors des rapports sexuels.
En temps normal, quand tout va bien, l’ensemble de l’appareil génital est bien lubrifié.

L'appareil génital de la femme est constitué de deux ovaires, d'un utérus, du col puis du vagin qui se termine par sa partie extérieure, la vulve. Ce sont des glandes au niveau du col de l’utérus qui sécrètent tous les jours un liquide visqueux qui lubrifie tout cela. Ce liquide s’écoule le long de la paroi vaginale pour la "nettoyer" et la protéger en quelque sorte.

Les glandes de Bartholin se trouvent au niveau du muscle qui aide la vulve à se contracter.
Elles sécrètent aussi un liquide qui permet d’hydrater l’orifice du vagin et les petites lèvres. Cette lubrification dépend de nombreux facteurs : l’activité sexuelle, le cycle menstruel, la ménopause mais aussi certains traitements qui impactent le fonctionnement des hormones. Tout cela peut perturber la lubrification... 

Les effets des traitements

La chimiothérapie détruit les cellules cancéreuses du sein mais en même temps, la toxicité de cette chimiothérapie affaiblit les ovaires, les fait vieillir prématurément. C’est comme une ménopause accélérée. Les ovaires sont alors moins efficaces pour produire des hormones comme les oestrogènes qui participent à la lubrification.  

L’hormonothérapie, elle, bloque l’action des oestrogènes au niveau de la tumeur. Là encore si les oestrogènes sont empêchées de participer à la lubrification, c’est tout le corps qui souffre d’une sécheresse de la peau, des muqueuses et de l’appareil génital.

Des produits hydratants

En première intention, il y a des produits hydratants vendus en pharmacie à appliquer localement.
Ils contiennent souvent de l’acide hyaluronique qui retient l’eau et qui a des vertus cicatrisantes. Cela existe sous forme de gel à appliquer sur la vulve ou d’ovule à insérer dans le vagin selon la localisation de la sécheresse.

Il faut vraiment être assidue pour avoir une bonne efficacité et c’est un gros budget. Cet acide hyaluronique peut aussi être injecté, en consultation par un médecin, directement au niveau de la vulve et de l’entrée du vagin. Cela va modifier les cellules, optimiser la production de collagène et donc améliorer la lubrification.
Le prix est autour de 300-400 euros la séance et ce n’est pas pris en charge même si vous êtes suivie pour un cancer.

Traitement au laser

En deuxième intention, les patientes peuvent recourir au laser pour atténuer cette sécheresse intime. 
Le laser est directement appliqué au contact de la vulve ou introduit à l’entrée du vagin. Il crée de minuscules perforations au niveau des vaisseaux, cela va booster la vascularisation et recréer une lubrification qui peut durer plusieurs mois. C’est aussi proposé à des patientes suivies en cancérologie, par exemple à Gustave Roussy en région parisienne. 

Dans ce contexte, ce traitement est pris en charge par l’établissement et le laser y est actuellement évalué. Les résultats sont encourageants mais il faut encore du temps pour en mesurer tous les effets.