Je souffre de sécheresse vaginale, que faire ?

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire honte... Aujourd'hui, il est question d'un nouveau complexe : la sécheresse vaginale. Peut-on en souffrir alors qu’on n'est pas ménopausée ? 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Lorsqu'on tape "Je souffre de sécheresse" sur un moteur de recherche, on tombe tout de suite sur "Je souffre de sécheresse oculaire", et en deuxième résultat sur : "Je souffre de sécheresse intime". Cette recherche génère près de 614 000 résultats sur le web. Il s’agit en majorité de femmes proches de la ménopause ou ménopausées mais pas seulement. Un certain nombre de femmes plus jeunes ou, ayant accouché récemment en souffrent. Bien souvent, elles évoquent des sensations assez désagréables voire des douleurs… 

Qu'est-ce qui explique la sécheresse vaginale ?

Les femmes ont deux ovaires, un utérus, un col puis le vagin se termine par sa partie extérieure, la vulve. La surface interne est tapissée d’une muqueuse et plusieurs glandes sécrètent des substances lubrifiantes. Au niveau du col utérin, par exemple, des glandes sécrètent tous les jours un liquide un peu visqueux. Il s’écoule le long de la paroi du vagin, entraînant avec lui d’éventuels germes ou des cellules mortes. C’est comme si le vagin s’auto-nettoyait (la nature est bien faite). On trouve aussi les fameuses glandes de Bartholin situées sous l'orifice du vagin dans l'épaisseur des grandes lèvres. Elles sécrètent aussi un liquide qui permet d’hydrater l’orifice du vagin et les petites lèvres. Les gynécologues rappellent que tout cela dépend de nombreux facteurs : l’activité sexuelle, le cycle menstruel, la ménopause…toutes ces variations hormonales peuvent perturber le fonctionnement des glandes qui permettent la lubrification.

La grossesse et l’accouchement peuvent modifier ces sécrétions 

Les gynécologues précisent que pendant la grossesse, on a plutôt une bonne lubrification grâce aux hormones, les fameux oestrogènes qui favorisent les sécrétions. Par contre, après l’accouchement, les choses changent. Les ovaires sont au repos. On constate une baisse de l’activité hormonale et donc moins de sécrétions, moins de lubrification vaginale. Toutes les femmes sont différentes, il est compliqué de donner une durée précise… Ce manque de lubrification peut durer un mois voire plus après l’accouchement. Il n’y a pas du tout lieu de s’alarmer. Les spécialistes expliquent que chez certaines femmes cela met un peu plus de temps à revenir.

Que peut-on conseiller pour atténuer ce désagrément ? 

Quand le problème de sécheresse vaginale est récent et lié à l’accouchement, on peut espérer que cela se rétablisse naturellement dans les semaines à venir. En attendant, on peut tout à fait opter pour des lubrifiants conseillés par le pharmacien. Ceux qui sont à base d’eau sont très doux. Ils se présentent souvent sous forme de gels, ils s’appliquent facilement et peuvent être utilisés sans danger avec un préservatif. Pour avoir encore plus de lubrification, en profondeur, et pour favoriser la réparation de la muqueuse quand elle est déjà un peu irritée, on peut opter pour des produits contenant de l’acide hyaluronique. C’est une molécule qui retient l’eau, qui a des vertus cicatrisantes. On la trouve en gel et aussi sous forme d’ovules à insérer dans le vagin. Les spécialistes préconisent de les utiliser deux fois par semaine. Bien sûr en cas d'inconfort, d'irritation, en plus de sa sécheresse vaginale passagère, on peut appliquer sur la muqueuse une crème apaisante. On en trouve à l’aloe vera, au calendula, à l’hélichryse, cela peut aussi la soulager. 

Ne pas hésiter à consulter si cela persiste 

Il ne faut pas avoir de tabous par rapport à ça, c’est un motif de consultation fréquent auprès des gynécologues. Quand les femmes ont une sécheresse vaginale plus installée dans le temps, notamment due à la ménopause, les médecins vont envisager des traitements hormonaux pour re-stimuler le circuit qui permet les sécrétions vaginales. Il ne faut pas oublier d’aller à la consultation post-natale. Cette consultation intervient dans les 6 à 8 semaines suivant l’accouchement. C’est vraiment l’occasion de faire le point sur d’éventuelles gênes intimes qui peuvent persister après l’accouchement.
Un examen clinique permet de regarder s’il ne reste pas une lésion qui pourrait expliquer une douleur et par extension une sécheresse vaginale et des difficultés lors des rapports. Les relations sexuelles sont souvent un sujet de préoccupation après l’accouchement. Cela peut effectivement être compliqué de s’y remettre car il peut y avoir de l’appréhension et les spécialistes rappellent qu’il faut prendre son temps, ne jamais se forcer si on mal ou si on n’a pas envie et privilégier des préliminaires pour favoriser la lubrification et retrouver une complicité avec son partenaire.  

Que penser du laser, est-ce indiqué  ? 

Ces dernières années, les gynécologues qui utilisent le laser pour traiter la sécheresse vaginale ont vu la demande augmenter. Un instrument est introduit au fond du vagin. Le laser a une double action. Il élimine les couches de muqueuses déshydratées tout en stimulant la production de collagène et d’acide hyaluronique. Auparavant, le laser était surtout utilisé pour des patientes souffrant de sécheresse suite à des traitements pour cancer mais de plus en plus de femmes ménopausées y ont recours. C’est une technique qui fonctionne et qui a été évaluée mais elle a un coût . Comptez environ  300 euros pour une séance. Trois ou quatre sont nécessaires en moyenne et il n’y a pas de prise en charge par la sécurité sociale. En cas de sécheresse vaginale passagère due à l’accouchement, ce n’est bien sûr pas quelque chose qu’on va conseiller en première intention. Mieux vaut opter pour des gels vendus en pharmacie, patienter un peu le temps que les choses se remettent en place. Il faut également en parler à son médecin si cela persiste car une sécheresse qui s’installe ce n’est pas très bon non plus pour la flore vaginale. Pour conclure, on rappelle que le beurre, le yaourt, les huiles alimentaires ne sont pas conseillés par les spécialistes pour la sécheresse vaginale, laissez-les dans la cuisine !

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr