Le point sur les règles

Souvent appréhendées, les premières règles sont généralement synonymes d'inconfort. Il existe aujourd'hui un large choix de traitements pour en réduire les effets. Mais parfois, des règles abondantes, douloureuses, ou un dérèglement deviennent problématiques.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le cycle des règles
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent le cycle des règles

Douloureuses, abondantes, irrégulières... Les adjectifs ne manquent pas pour parler des règles qui débutent à la puberté et s'arrêtent à la ménopause. Quand les cycles sont irréguliers, rares, ou au contraire très abondants voire hémorragiques, une consultation est indispensable.

Qu'est-ce que les règles ?

Dès la puberté, le cerveau déclenche le fonctionnement des ovaires pour produire des hormones sexuelles. Cette sécrétion suit un cycle qui dure en moyenne 28 jours. Au cours des treize premiers jours, le cerveau envoie des hormones qui vont stimuler dans les ovaires la croissance des futurs ovules. Les ovaires produisent d'abord des œstrogènes puis de la progestérone pour aider la muqueuse de la cavité utérine à recevoir un éventuel embryon.

Au quatorzième jour, un ovocyte est expulsé vers l'utérus, c'est l'ovulation. Quand aucun spermatozoïde n'a fécondé d'ovule, l'ovaire diminue sa production d'hormones. Cette chute d'hormones déclenche la destruction des couches superficielles de la muqueuse utérine. C'est ce qui est à l'origine des règles.

Les règles, mystère et croyances populaires

Elles terniraient les miroirs, dérègleraient les boussoles… Les règles ont toujours été assorties de croyances populaires, généralement très négatives. La plus universelle d'entre elles : le sang menstruel est impur.

Le sang menstruel ferait aussi tourner la mayonnaise, altérerait le vin et gâterait la viande… Si le sang des règles est si impur, c'est qu'il est associé à l'infertilité. Une femme qui a ses menstruations n'est pas fécondée. Or, la fécondité est synonyme de pureté. "Une femme qui saigne est quelque chose de dangereux dans les sociétés traditionnelles. Donc le sang des règles va être profondément condamné et d'une certaine façon, c'est un danger de mort. Les hommes ne doivent pas l'approcher et elle ne doit pas approcher les hommes", explique le Dr Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue.

Cette éviction pendant les règles liée à l'impureté se retrouve dans de nombreuses cultures et dans les trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, l'islam et le christianisme. Mais il ne s'agit pas seulement de rester à l'écart des hommes pendant les règles, il faut surtout éviter tout rapport sexuel. Faute de connaître les secrets de la fécondation, on a longtemps pensé que le coït pendant les menstruations était responsable de malformations chez le foetus et même de la couleur des cheveux

Ces croyances populaires entretiennent le tabou autour des règles. Un tabou qui persiste aujourd'hui jusque dans les publicités pour les protections hygiéniques où le sang menstruel est encore très souvent représenté en bleu. Mais cela pourrait bientôt changer. Une marque britannique de serviettes hygiéniques a en effet lancé une campagne publicitaire où le sang des règles est représenté en rouge. Cette pub souhaite briser le tabou avec un slogan : "Les règles sont normales. Les montrer devrait l'être aussi".

En Italie, la question des règles est revenue sur le devant de la scène avec un projet de loi totalement inédit : le congé menstruel. En d'autres termes, trois jours de congés payés pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses.

Serviettes, tampons, etc. : mode d'emploi

Toutes les personnes qui lisent pour la première fois la notice d'utilisation d'un tampon sont forcément intriguées par le risque de syndrome du choc toxique. Cette maladie rare mais grave est provoquée par une bactérie, le staphylocoque doré. Vomissements, évanouissements, chute de tension ou signes de déshydratation apparaissent et ce choc toxique peut être fatal. Il doit être traité immédiatement.

L'hygiène et le pouvoir absorbant du tampon joueraient aussi un rôle. Mais le tampon n'est pas la seule cause de syndrome de choc toxique, puisqu'il touche aussi des femmes non réglées et même des hommes.

Seules 20% des personnes qui ont leurs règles utilisent des tampons, le reste préfère les serviettes. 

Les serviettes et les tampons jetables bio ont l'avantage d'être constitués de composants naturels, biodégradables, et leur composition est entièrement connue. Ils sont vendus, en France, dans les magasins bios ou sur Internet, et leurs prix sont 10% à 15% plus chers que ceux des trois principales marques de la grande distribution.

Certaines personnes reviennent aussi aux serviettes lavables. Il faut les tremper dans une bassine avant de les laver à la main ou bien les passer à la machine. Le prix est de 15 euros la serviette. Mais cette option ne convient qu'aux personnes à l'aise avec le fait de voir et de toucher leur sang. 

Aloé vera, violette, fraîcheur mentholée… Les serviettes hygiéniques parfumées sont de plus en plus à la mode. Mais attention, les parfums contenus dans les protections intimes ont tendance à augmenter le risque d'allergies : irritations, brûlures au niveau de la vulve... Mieux vaut donc les éviter pour les personnes sujettes aux irritations.

Contre les mycoses et autres irritations, les tampons probiotiques ont la cote. Ils sont très efficaces pour lutter contre les infections vaginales. Quand on souffre d'irritations à répétition, cela signifie que la flore vaginale est déstabilisée. C'est notamment le cas durant les règles. Généralement, on soigne cela avec des ovules. Mais les tampons probiotiques sont plus pratiques à utiliser. Des gynécologues recommandent même leur utilisation de façon préventive pendant les règles, à raison d'un ou deux tampons pendant trois jours maximum. Les probiotiques contenus à l'intérieur vont restaurer la flore vaginale et prévenir ainsi les irritations. Seul problème, son coût : comptez 11 euros pour une boîte de 22 tampons.

Il existe une alternative aux tampons et serviettes hygiéniques, directement héritée des produits utilisés par nos grands-mères : les éponges, la coupe menstruelle et la culotte menstruelle. Les premières s'utilisent comme un tampon. On peut leur coudre un petit cordon pour les retirer plus facilement. Elles doivent être désinfectées avant et après les règles et peuvent être utilisées entre six mois et un an.

La culotte menstruelle est équipée d'une matière ultra-absorbante à l'entrejambe, qui absorberait l'équivalent de 1 à 3 tampons, jusqu'à 12 heures. L'épaisseur est fine, de 1 à 3 mm et la culotte est lavable à 30 degrés en machine, après avoir été rincée à l'eau claire.

Quant à la coupe menstruelle, on l'introduit dans le vagin pour qu'elle recueille le sang des règles. Pour l'insérer, il faut la plier en deux et l'insérer à l'entrée du vagin. On coupe la tige selon la longueur souhaitée. A base de silicone de grés, cette coupe est totalement naturelle et non allergène. On la vide, le matin et le soir, dans les toilettes ou dans le lavabo et on la rince à l'eau, éventuellement avec un désinfectant naturel, comme des extraits de pépins de pamplemousse. Une coupe se conserve plusieurs années et se vend 28 euros. Mais attention : l'utilisation de la coupe menstruelle expose comme les tampons à un risque de choc toxique.

La composition des protections intimes pointée du doigt

"Protections hygiéniques : des risques pour notre santé ?", chronique de Lucile Degoud, journaliste, du 19 mars 2019 - Crédit photo : ©Fotolia
"Protections hygiéniques : des risques pour notre santé ?", chronique de Lucile Degoud, journaliste, du 19 mars 2019 - Crédit photo : ©Fotolia

Tampons, serviettes hygiéniques… En moyenne, une personne menstruée utilise 10.000 protections périodiques au cours de sa vie. Un geste qui ne serait pas sans danger pour la santé. En cause : leur composition.

En France, les fabricants ne sont pas tenus d'indiquer la composition des tampons sur les étiquettes, sur les emballages. Cela est valable pour toutes les protections hygiéniques. Les protections hygiéniques sont pourtant en contact direct avec l'appareil génital féminin : la vulve, le vagin. On peut avoir des irritations, des allergies. 

Pourtant, il n'est pas obligatoire d'informer les consommatrices de la composition alors que les industriels ont l'obligation d'inscrire la composition des produits alimentaires ou des produits cosmétiques.Les dispositifs médicaux comme les préservatifs par exemple sont soumis à une réglementation européenne. Pour les protections hygiéniques, il n'y a rien !

L'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, a publié en 2018 un rapport sur la sécurité des produits de protection intime. Il y a bien des substances chimiques préoccupantes dans ces produits comme des pesticides, dont certains sont interdits en Europe. Mais pour l'ANSES, il n'y a pas de risques majeurs pour la santé car ces substances sont en très faible concentration et sans dépassement des seuils sanitaires. L'ANSES recommande tout de même aux fabricants de réduire autant que possible la présence de ces substances dans les protections intimes.

Les résultats du magazine "60 millions de consommateurs, publiés dans leur numéro de mars 2019, ne sont pourtant pas rassurants. Sept références de serviettes et huit références de tampons ont été analysées et dans huit références sur quinze, des substances chimiques préoccupantes ont été détectées : des pesticides notamment du glyphosate, des phtalates qui sont des perturbateurs endocriniens, des dioxines...

Règles et sport intensif

De nombreuses personnes souffrent de douleurs dans le bas du ventre, comme des crampes ou des spasmes, et dans le dos, pendant les règles. On parle de dysménorrhées. Ces douleurs peuvent s'accompagner de nausées, vomissements, diarrhée, migraine, fatigue...

Parfois, les douleurs sont si intenses qu'elles empêchent de poursuivre ses activités habituelles. Et il n'est pas toujours facile d'en parler. C'est le cas pour les sportives de haut niveau. 

Règles douloureuses, abondantes, irrégulières ou tout simplement absentes... Les athlètes doivent gérer leurs règles dans un domaine où le sujet est encore tabou.

Depuis toujours, les règles sont en effet un tabou dans le sport de haut niveau. En 1996, l'Allemande Uta Pippig remporte le marathon de Boston les jambes en sang. L'image est complètement passée sous silence par les commentateurs. Mais au JO de Rio en 2016, une nageuse chinoise provoque un petit séisme. Interrogée sur sa contre-performance, elle évoque ses règles à la télévision. En février 2017, le magazine L'Equipe brise à son tour le tabou des règles.

À l'INSEP, le centre de référence du sport de haut niveau en France, tout est fait pour que les athlètes puissent en parler librement. Nombreuses sont celles qui consultent pour décaler les règles lors d'une compétition. D'autres sont inquiètes à cause d'une absence de règles prolongées : "Une aménorrhée prolongée peut être source de blessures plus fréquentes voire de fractures de fatigue. Et dans certaines activités, on peut avoir des aménorrhées prolongées avec des densités minérales osseuses plus faibles, proche des femmes ménopausées", explique la Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport.

Absence de règles ou règles douloureuses, les conséquences sur la santé et sur les performances des sportives sont réelles. Alors pour que les règles n'entachent plus la carrière des sportives de haut niveau, un suivi gynécologique est vivement recommandé.

Sportives de haut niveau ou pas, en cas de douleurs, de règles très abondantes ou d'absence de règles qui se prolonge, il faut en parler à un médecin et briser le tabou des règles car les règles concernent tout de même la moitié de l'humanité.

Règles douloureuses : ce n'est pas une fatalité

Règles : ce n'est pas normal d'avoir mal !
Règles : ce n'est pas normal d'avoir mal !  —  Le Mag de la Santé - France 5


Les douleurs de règles ne sont pas une fatalité. Il existe des solutions pour les soulager.

Pour proposer la solution la plus adaptée, les gynécologues posent tout d'abord une série de questions : âge des premières règles, antécédents de cancer du sein dans la famille, antécédents de cancer de l'ovaire, de cancer du côlon, de cancer de la thyroïde, antécédents de phlébite"Les douleurs pendant les règles sont très fréquentes. Ce qui est très étonnant, c'est que beaucoup de femmes se plaignent de douleurs de règles et il y en a qui ont des franches douleurs de règles qui gênent leur vie quotidienne, mais elles n'en parlent pas du tout, elles ne s'en plaignent pas et ne savent même pas qu'il existe des solutions pour éviter de souffrir comme leur mère ou leur grand-mère", explique la Dr Hélène Borne, gynécologue.

Après l'interrogatoire, un examen clinique est réalisé. Le but de cet examen est d'éliminer certaines pathologies pouvant être responsables des douleurs au moment des règles. Et en particulier, l'endométriose, une maladie qui touche le tissu de la paroi interne de l'utérus. On traite en priorité la cause si elle est curable, et évidemment la douleur avec des médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires.

Certaines autres techniques soulagent la douleur. Parmi elles, la fameuse bouillotte ou le bain chaud. La chaleur est très efficace en cas de règles douloureuses, elle permet notamment de détendre les muscles et donc l'utérus. Mais attention la chaleur peut intensifier le flux des règles dans les heures qui suivent. Vous pouvez également trouver des objets comme des ceintures contre les douleurs de règles. Toutefois, l'efficacité de ces ceintures qui massent la zone douloureuse reste à démontrer. L'orgasme, enfin, permettrait de produire des endorphines, des anti-douleurs naturels, mais encore faut-il avoir la tête à cela...

Aménorrhée : quand les règles se font attendre

Beaucoup de femmes aimeraient se passer des règles. Mais quand elles disparaissent, ne faut-il pas s'inquiéter ?

C'est ce qui est arrivé à cette jeune patiente. Après une rupture sentimentale, elle arrête sa pilule contraceptive, et constate une absence de règles. Dès lors des examens vont être réalisés pour comprendre l'origine des troubles du cycle.

Tout arrêt inattendu des règles ou troubles du cycle doit pousser à consulter un médecin.

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr

· Règles : Une femme sur cinq a déjà été confrontée à la précarité menstruelle
· Règles abondantes : une prise en charge rapide et spécialisée
· Règles : qu'est-ce que le trouble dysphorique menstruel ?
· Sexe pendant les règles : le vrai du faux
· L'Espagne adopte un congé payé pour les femmes souffrant de règles douloureuses
· Règles abondantes, des traitements existent !
· Règles : comment en parler au collège pour briser le tabou qui les entoure ?
· Règles : des applications mobiles pour suivre son cycle menstruel
· L'endométriose : des douleurs liées aux règles 

Ailleurs sur le web

· Ameli.fr
· Fil Santé Jeunes
· Association Règles Élémentaires
· Fonds des Nations Unies pour la Population