Le cancer de l'ovaire, un cancer sournois

S'il n'est pas le plus fréquent, le cancer de l'ovaire est grave car il est dépisté tardivement. Dans la plupart des cas, il concerne les femmes âgées de plus de 45 ans. Un cancer silencieux et récidivant qui impose une grande vigilance.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Le cancer des ovaires

Les explications anatomiques de Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes
Les explications anatomiques de Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes

Le cancer des ovaires est le huitième cancer touchant les femmes, après celui du sein, du côlon, de l'utérus et de l'estomac. Ce cancer insidieux touche 5.200 femmes par an. Il touche principalement les femmes après 45 ans et l'âge moyen du diagnostic est de 65 ans (source: Vidal). 

Au début de la maladie, les symptômes ne sont pas spécifiques. Ils sont presque anodins comme des douleurs abdominales, des douleurs pelviennes. C'est la raison pour laquelle dans deux cas sur trois, le cancer de l'ovaire est diagnostiqué à un stade avancé. Il s'agit d'un cancer silencieux et récidivant qui impose la plus grande vigilance.

Les deux ovaires sont reliés à l'utérus par les trompes et par des ligaments qui les maintiennent dans leur position. Un ovaire contient de petits sacs qui renferment les futurs ovules. À chaque cycle, l'un des ovaires doit permettre la croissance et la libération d'un ovule mature capable d'être fécondé par un spermatozoïde.

Dans neuf cas sur dix, il se développe à partir des cellules de l'enveloppe recouvrant les ovaires. Cette enveloppe s'appelle l'épithélium. On parle alors de cancer épithélial. C'est le plus fréquent et le plus meurtrier des cancers de l'ovaire. Plus rarement, le cancer se développe à partir des cellules germinales, c'est-à-dire des cellules impliquées dans la production des ovules. Ces tumeurs touchent surtout les jeunes femmes.

Enfin, il existe aussi les tumeurs des cellules stromales. Elles se développent dans les cellules des tissus conjonctifs qui lient et soutiennent les différents éléments de l'ovaire. Dans 6 à 10% des cas, les cancers ovariens sont liés à une mutation de certains gènes.

4 stades en fonction de l'étendue

On distingue 4 stades du cancer de l'ovaire. Le stade I est limité aux ovaires, le II aux organes du bassin, le stade III s'étend au péritoine ou aux ganglions lymphatiques du bassin. Le stade IV comporte des métastases à distance, dans le foie ou la plèvre (l'enveloppe des poumons) par exemple. Les 3 premiers stades sont divisés en 3 sous-catégories a, b et c.

 

Cancer de l'ovaire : quels symptômes ? quels facteurs de risque ?

Les symptômes du cancer de l'ovaire sont des troubles digestifs (ballonnements, nausées, transit perturbé, perte d'appétit, douleur à l'estomac, constipation inhabituelle de plus d'un mois, une augmentation du volume abdominal, ), la fatigue et l'amaigrissement. 

Peuvent aussi survenir des saignements gynécologiques en dehors des règles, des envies fréquentes d'uriner, des douleurs dans le bas ventre voire une sensation de pesanteur.

Résultat, le cancer de l'ovaire est plutôt un cancer silencieux ce qui explique souvent son diagnostic à un stade avancé.

L'âge moyen de survenue du cancer de l'ovaire est de 65 ans, mais il peut aussi atteindre des femmes jeunes. Les facteurs de risque, en plus de l'âge, comportent les règles précoces, la ménopause tardive, l'absence de grossesse, le surpoids, l'obésité

Cancer des ovaires : un dépistage souvent tardif

À ce jour, il n'existe aucun test efficace de dépistage et les frottis ne détectent pas la maladie puisqu'ils sont réalisés au niveau du col de l'utérus.

Pour dépister un cancer de l'ovaire, il faut réaliser une échographie, sus-pubienne, transvaginale ou échodoppler, ou une IRM. Un scanner ou la scintigraphie est utilisée en cas de suspicion d'extension du cancer. 

Une prise de sang à la recherche des marqueurs tumoraux, notamment le CA-125, est aussi réalisée.

Avant tout traitement du cancer de l'ovaire, une cœlioscopie, ou éventuellement une intervention avec laparoscopie, est indispensable pour la réalisation d'une biopsie. Elle vient compléter l'imagerie médicale pour évaluer précisément l'étendue des lésions cancéreuses. Cet examen permettra ainsi de décider ensuite du traitement à proposer au malade.

Dans 15% des cas, il existe une prédisposition génétique avec d'autres cas de cancer dans la famille. Chez les patientes génétiquement prédisposées au cancer, une surveillance rapprochée voire une ablation des deux trompes en prévention, est indiquée.

Cancer des ovaires : chimiothérapie et chirurgie

Le traitement du cancer de l'ovaire fait appel à la la chimiothérapie et l'intervention chirurgicale. 

Dans certains cas, la chimiothérapie intrapéritonéale, directement à l'intérieur du péritoine, est indiquée.

Lorsque le cancer est trop important et qu'il s'est étendu aux organes périphériques comme l'intestin ou encore le péritoine, la chirurgie n'est pas possible en première intention. Il faut tout d'abord réduire les lésions cancéreuses grâce à une chimiothérapie. Si l'opération n'est pas possible, la chimiothérapie est effectuée seule. 

Une coelioscopie de contrôle est effectuée au bout de plusieurs semaines. Elle permet d'évaluer l'efficacité du traitement et donc de savoir si l'intervention est possible.

Le cancer de l’ovaire a un fort taux de récidive, surtout dans les 18 mois qui suivent la fin du traitement. Ce qui explique q'un traitement d'entretien peut être prescrit, soit par vie veineuse, soit par voie orale.

Mais heureusement, la recherche progresse. En identifiant des sous-types de tumeurs et en expliquant de mieux en mieux les mécanismes qui engendrent la tumeur, les chercheurs espèrent la mise au point de thérapies de plus en plus ciblées et efficaces.

Opérer une tumeur ovarienne maligne

Trois fois sur quatre, le cancer de l'ovaire est découvert tardivement. Car une lésion tumorale peut se développer lentement sans signes cliniques.

Le traitement du cancer de l'ovaire implique une chirurgie si tant elle est possible. S'il s'agit d'une tumeur primitive, le chirurgien a pour mission d'enlever le maximum de la tumeur. Il est parfois nécessaire d'enlever les ovaires, mais aussi l'utérus et les trompes. Elle est indiquée seule pour les stades Ia et b. 

La chirurgie est systématiquement associée à une chimiothérapie qui réduit le risque de récidive 

La stratégie thérapeutique repose donc sur la chirurgie, souvent complétée par la chimiothérapie. Envisagée avant l'intervention chirurgicale, la chimiothérapie vise à réduire le volume de la tumeur. Pratiquée après, elle est administrée dans le but d'éliminer les cellules cancéreuses résiduelles non visibles ou impossibles à retirer (elle est indiquée dans les stades au-delà de 2c). Une thérapie ciblée peut être utisée.

10 à 15% des tumeurs de l'ovaire sont dites frontières ou "borderline". À mi-chemin entre tumeurs bénignes et malignes, elles représentent un danger moins grave et sont traitées avec efficacité par la chirurgie seule.

Vaccin, chimiothérapie péritonéale ou CHIP

La récidive après un cancer de l'ovaire après traitement est très importante, surtout dans les 18 mois qui suivent la fin du traitement. L'institut du cancer les estime à 70% des cas dans les 2 ans.

Pour lutter contre les rechutes, les chercheurs ont expérimenté un vaccin visant à renforcer les défenses immunitaires de l'organisme. Si les premiers résultats étaient encourageants, ils n'ont pas été confirmés par la suite.

D'autres statégies sont proposées, comme la chimiothérapie péritonéale qui consiste à réaliser un bain de chimiothérapie dans la cavité péritonéale ou le CHIP (chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale), combinant chirurgie et bain de chimiothérapie. Elle est discutée pour les cancers de stade IIIc.

La recherche sur de nouvelles molécules s'active également, avec en 2020, la présentation de résultats intéressants avec une nouvelle classe de médicament, les inhibiteurs de la PARP, ou IPARP. Ils sont utilisés en cas de cancer épithélial de grade 3 ou 4, en traitement d'entretien notamment.

Il s'agit notamment de l'olaparib, le rucaparib et le niraparib.