Dolirhume, Rhinadvil, Actifed... l'Agence du médicament alerte sur les risques liés à ces médicaments

L'Agence du médicament veut renforcer l’information sur les médicaments vasoconstricteurs contre le rhume en vente libre. Ils présenteraient des risques d’effets indésirables graves.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : Creative Commons / Randalfino

Gare aux médicaments anti-rhume disponibles sans ordonnance. Dans un point d’information daté du 17 décembre 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte sur les risques liés à la prise de médicaments vasoconstricteurs à base de pseudoéphédrine.

"Afin d’améliorer leur bon usage et la sécurité des patients, l’ANSM souhaite (…) renforcer l’information au travers de la diffusion de documents en pharmacie" précise l’agence dans son point d’information.

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Risque d’infarctus et d’AVC

Et pour cause : une enquête de pharmacovigilance publiée en mars 2019 montre la persistance de cas d’effets indésirables notamment cardiovasculaires et neurologiques lors de la prise d’un vasoconstricteur. Ces cas sont rares mais potentiellement graves : "infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral ischémique" cite en particulier l’ANSM.

Des cas de convulsions, d’hypertension, de tachycardie et de palpitations ont également été rapportés.

Actifed, Dolirhume, Rhinadvil…

De quels médicaments s’agit-il ? De tous les médicaments à base de pseudoéphedrine utilisés notamment contre les congestions nasales : Actifed Rhume, Actifed Rhinite Allergique, Dolirhume, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume, Rhinadvilcaps, Rhinureflex ou encore Rhumagrip.

Pour tous ces produits, l’ANSM constate un "mésusage important", avec majoritairement "une utilisation prolongée au-delà de cinq jours", ou "une association entre vasoconstricteurs administrés par voie orale et par voie nasale", ou encore "un non-respect des contre-indications" figurant dans la notice.

Des fiches pour les pharmaciens et pour les patients

L’objectif de cette alerte est donc de "renforcer les actions déjà mises en place" pour "réduire les risques". En pratique, l’ANSM prévoit de distribuer "courant janvier" une fiche d’aide à la dispensation de ces médicaments aux pharmaciens d’officine et une fiche d’information, de recommandations et de conseil qui sera "remise aux patients par les pharmaciens lors de la délivrance".

Des médicaments "à écarter des soins"

De précédentes alertes avaient eu lieu sur ces médicaments à base de pseudoéphédrine. En 2006, déjà, la revue médicale indépendante Prescrire s’inquiétait : "le rhume est une affection bénigne pour laquelle la prise de médicaments à base de pseudoéphédrine expose à des risques disproportionnés."

Plus tard, en décembre 2017, l’ANSM interdisait les publicités pour ces médicaments à la fois dans les médias et sur les présentoirs et les affiches des pharmacies, de manière à "faire évoluer les comportements" des patients.

Enfin, au début du mois de décembre 2019, dans sa dernière liste en date des médicaments "à écarter des soins", Prescrire ciblait les décongestionnants par voie orale ou nasale. Elle rappellait ainsi que leurs effets indésirables étaient "disproportionnés pour des médicaments destinés à soulager des troubles bénins et d'évolution rapidement favorable tels que ceux du rhume".