Levothyrox : "L'ANSM se dédouane sur ce médicament nouvelle formule"

Les associations de malades de la thyroïde sont en colère. Dans son rapport, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) estime qu'il n'y a pas eu d'effets secondaires spécifiques liés à la nouvelle formule du Levothyrox.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Nell Gaudry, porte-parole de l'Association française des malades de la thyroïde
Entretien avec Nell Gaudry, porte-parole de l'Association française des malades de la thyroïde

Le rapport de l'Agence du Médicament sur le Levothyrox était très attendu. Il dévoile de nouveaux chiffres mais laisse en suspens de nombreuses questions. Plus de 17.000 effets secondaires ont été signalés depuis la mise sur le marché de la nouvelle formule en mars 2017. Un record. Fatigue, maux de tête, vertige... Selon l'ANSM, aucun effet n'est pourtant spécifique à la nouvelle formule. Autre élément étonnant : les deux tiers des patients souffrant d'effets secondaires ont des dosages sanguins hormonaux normaux. Une situation que n'arrive pas à expliquer les pharmacologues de l'ANSM. Ce rapport ne satisfait pas les associations. Les explications de Nell Gaudry, porte-parole de l'Association française des malades de la thyroïde.  

  • Êtes-vous satisfaite des réponses apportées par l'ANSM ?

N. Gaudry : "On n'est pas satisfait du tout. L'ANSM se dédouane sur ce médicament nouvelle formule. Auparavant, avec l'ancienne formule, il n'y avait pas eu de scandale sanitaire. On a pris comme principe que le lactose créait quelques petits désagréments pour certains malades. Après ça a été l'instabilité de la thyroxine. Et aujourd'hui ce sont les effets secondaires avec la nouvelle formule. Là, c'est une crise sanitaire. C'est même un fiasco."

  • Selon l'Agence du médicament, la nouvelle formule entraînerait les mêmes effets indésirables que l'ancienne formule du Levothyrox. Êtes-vous d'accord avec cette observation ?  

N. Gaudry : "J'ai eu un cancer de la thyroïde il y a dix ans. Je n'ai jamais eu de fluctuations de TSH avec l'ancienne formule. Les médecins ne font pas les examens nécessaires pour ces malades. Ne faire que la TSH ne sert à rien. Il faut faire la T3, la T4 parce que c'est la conversion au niveau du foie et quand on a des cancers, il faut rajouter la thyroglobuline et thyroglobuline avec dilution. Ce sont des examens complets avec lesquels on peut suivre les malades."

  • Dans son rapport, l'ANSM admet qu'elle n'a pas d'explication sur certains points. Aujourd'hui, les autorités de santé sont-elles assez transparentes sur le Levothyrox ?

N. Gaudry : "Les autorités de santé ne connaissent pas la définition de la transparence. Aujourd'hui, il y a non-assistance à personne en danger. Ce médicament a été mis sur le marché mais probablement que des étapes ont été bâclées. Il fallait faire vite et ça devait coûter moins cher. Mais quand on voit le nombre de malades hospitalisés, les arrêts de travail, les malaises, les pertes d'emploi... je ne vois pas où sont les économies."

  • Que demandez-vous à l'Etat français ?

N. Gaudry "On demande des alternatives. Actuellement sur le marché, on a la L-Thyroxine Henning de Sanofi qui vient d’être mis sur le marché. On a aussi les gouttes L-Thyroxine Serb mais qui sont plus destinées aux enfants et personnes âgées. Le Thyrofix, fabriqué en Grèce, vient aussi d’arriver. On demande que le Thyrosan qui doit nous arriver fin mars soit rapidement sur le marché. Les pharmaciens n'ont jamais les alternatives à nous proposer. Par contre, ils ont la nouvelle formule en stock. Les pharmaciens sont devenus des épiciers qui nous vendent du Thyrofix comme un copier-coller de l’ancienne formule. Ce qui est absolument faux."