Plantes et médicaments : quels sont les dangers ?

Les plantes, bien que naturelles, ne sont pas toujours bénéfiques pour la santé. Elles peuvent même être dangereuses s'il y a une interaction avec des médicaments. Décryptage avec la Dre Charlotte Gaspard, médecin généraliste et phytothérapeute.

Dre Charlotte Gaspard
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Plantes et médicaments : quels dangers ?
Plantes et médicaments : quels dangers ?  —  Le Mag de la santé - France 5

Si les plantes sont efficaces pour traiter certains maux, c'est bien parce qu'elles agissent sur notre corps. Il faut être prudent! Lorsqu'il y a prise de médicament en parallèle, les interactions sont parfois indésirables.

Comment interagissent plantes et médicaments ?

Il existe deux mécanismes lorsque des plantes et des médicaments sont pris en simultané : l'induction enzymatique et l’inhibition enzymatique. Derrière ces termes, un peu flous, se cachent des mécanismes simple à comprendre. Lorsque vous prenez un médicament, celui-ci entre en contact avec une protéine qu'on appelle enzyme. En activant cette dernière, un effet se déclenche, comme une dilatation des vaisseaux ou la réduction d'une douleur, par exemple.

Or, lorsque une plante est prise, elle va activer un peu plus ce complexe enzymatique et donc amplifier les effets du médicament. Cela peut avoir des effets dangereux : par exemple, quelqu'un qui prend des médicaments anticoagulants avec des plantes qui ont des effets du même ordre s'expose de manière accrue à des risques d'hémorragie.

Le second mécanisme a l'effet inverse. La plante va venir "chasser" le médicament, car elle a une structure similaire. Le médicament perd alors tout effet. C’est problématique: un individu qui serait dans le cadre d'une chimiothérapie pour un cancer, par exemple, verra son traitement devenir inefficace à cause d'une prise de plantes.

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À quelles plantes faut-il vraiment être attentif ?

Le millepertuis est une plante très efficace et recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans les cas d'épisodes dépressifs légers. Elle est connue pour interagir avec de nombreux médicaments. C'est le cas des médicaments contraceptifs dont l'effet est annulé. Toujours dans le thème de la santé mentale, la passiflore et la valériane associées aux benzodiazépines (des anxiolytiques) peuvent augmenter fortement l’effet sédatif du médicament et aggraver la sensation de fatigue.

Les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants doivent absolument éviter le ginkgo biloba, qui est proposé aux patients pour améliorer la mémoire. C’est un anti-plaquettaire qui va naturellement fluidifier le sang et permettre une meilleure oxygénation cérébrale. Mais, ajouté aux traitements déjà prescrits, il augmente le risque d’une hémorragie. Idem avec le curcuma, l’harpagophytum, le saule, le mélilot ou la reine-des-près, qui sont donnés en prévention pour fluidifier un peu le sang. 

Enfin, les personnes diabétiques ne sont pas non plus à l'abri ! Le risque pour elles est d’augmenter l’action des médicaments qui diminuent la glycémie et de provoquer une hypoglycémie sévère pouvant aller jusqu’au coma. Les plantes interdites dans ce cas sont le ginseng, la cannelle, le fenugrec ou le gymnema. Ces plantes ne constituent pas un danger lorsqu'elles sont prises de manière alimentaire, mais seulement à effet thérapeutique.