Tisane, gélule, huile essentielle... sous quelle forme utiliser les plantes ?
Les plantes médicinales se déclinent sous de nombreuses formes, au point qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. La Dre Charlotte Gaspard, médecin généraliste et phytothérapeute, nous aide à y voir plus clair.

Au rayon des plantes et de la phytothérapie, c'est un peu la jungle. Elles se vendent désormais sous plusieurs formes : tisanes, gélules, huiles essentielles... Mais pour comprendre comment les utiliser efficacement, encore faut-il connaître leur mode de préparation, leur action thérapeutique et les situations dans lesquelles les privilégier.
Macération, infusion ou décoction ?
Les préparations liquides sont les plus anciennes formes de phytothérapie. Et parmi elles, la tisane occupe une place de choix. Elle peut être réalisée de trois manières différentes selon la partie de la plante utilisée. La macération, par exemple, consiste à laisser tremper les plantes dans l’eau froide pendant plusieurs heures avant de les consommer. C’est le cas du psyllium, aussi appelé ispaghul, une graine qui, au contact de l’eau, libère du mucilage, une sorte de gel utile pour les personnes constipées.
De son côté, l’infusion est la méthode la plus répandue et concerne les fleurs ou les feuilles fines. Elle consiste à placer les plantes dans un filtre, avant de verser de l’eau bouillante dessus, puis de laisser infuser 5 à 10 minutes avant de les consommer. Cette méthode est idéale pour des plantes comme la bruyère ou la busserole, connues pour leur action bénéfique sur les infections urinaires, notamment la cystite.
Enfin, la décoction concerne les parties plus épaisses de la plante, comme les racines ou les écorces. Elle consiste à les plonger dans de l’eau froide, puis à les porter à ébullition pendant 5 à 10 minutes et de laisser infuser encore 10 minutes avant de filtrer et de consommer. Les rhizomes de gingembre, avec leur texture fibreuse, nécessitent ainsi d’être bouillis pour libérer leurs principes actifs qui facilitent la digestion.
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Comment utiliser les gélules de plantes médicinales ?
L’alcool peut aussi être utilisé pour extraire les principes actifs d’une plante. C’est le principe des extraits hydroalcooliques, aussi appelés teintures-mères ou alcoolature. Cette méthode est notamment utilisée pour la teinture-mère d’Alchémille pour les douleurs liées au cycle menstruel par exemple ou celle de marronnier d’Inde pour les jambes lourdes. Cette forme est toutefois contre-indiquée chez les enfants, lors de la grossesse et pour les personnes souffrant de maladies hépatiques ou d'alcoolisme.
Pour celles et ceux qui manquent de temps pour préparer une tisane chaque matin, d’autres options existent. La poudre de plante séchée ou broyée sous azote liquide, par exemple, peut être ajoutée dans un yaourt ou une compote. La prêle en poudre est souvent conseillée pour limiter le risque d’ostéoporose. Les gélules ou les comprimés, quant à eux, permettent un dosage plus précis. Certains contiennent un extrait concentré de la plante, d’autres le totum, c’est-à-dire l’ensemble des principes actifs de la plante entière. Enfin, les ampoules sont des concentrés de tisane que l’on dilue dans un verre d’eau.
Comment utiliser les huiles essentielles ?
Une autre façon d'utiliser les plantes sont sous forme d'huiles essentielles ? Celles-ci sont obtenues grâce à la distillation des plantes. En réalité, il ne s'agit pas à proprement parler d'une "huile", mais plutôt d'une concentration de molécules volatiles, très actives et très puissantes qu’il faudra utiliser à la goutte près.
Les hydrolats, issus du même processus de distillation, sont plus doux et peuvent être utilisés chez les enfants ou pendant la grossesse, notamment en application cutanée. Si vous comptez utiliser des plantes médicinales, quelle que soit leur forme, pensez toujours à en parler à votre médecin ou votre pharmacien, pour adapter le traitement et éviter les contre-indications.