Les huiles essentielles sont-elles efficaces contre les hémorroïdes ?

Les hémorroïdes peuvent provoquer de fortes douleurs. Les huiles essentielles sont parfois vantées comme des solutions naturelles efficaces, mais qu'en est-il vraiment ? La Docteure Carole Prothe, gastro-entérologue, nous répond.

Julie Zulian
Rédigé le
Une mauvaise digestion se manifeste le plus souvent par des troubles du transit et des douleurs abdominales
Une mauvaise digestion se manifeste le plus souvent par des troubles du transit et des douleurs abdominales  —  Allodocteurs - Studio TF1

Ce trouble fréquent peut gravement impacter le quotidien. La crise hémorroïdaire se manifeste par des douleurs, des démangeaisons, voire des saignements. Elle peut survenir à tout âge et concerner l'ensemble de la population. "Tout le monde a des hémorroïdes, dès la naissance", décrit la Docteure Carole Prothe, gastro-entérologue du service proctologie de l'Hôpital Paris Saint-Joseph. Les hémorroïdes se définissent comme un réseau de vaisseaux artériels et veineux : les hémorroïdes internes tapissent le canal anal et les hémorroïdes externes, l’extérieur de l’anus, uniquement visibles lors de complications.

Lorsque ces vaisseaux se gonflent ou sont irrités, des démangeaisons et des douleurs apparaissent. C'est ce qu'on appelle une crise hémorroïdaire, ou une maladie hémorroïdaire. "Elle est souvent due à des troubles du transit : à cause d'une constipation, ou, dans certains cas, d'une diarrhée. Ces troubles irritent et font gonfler les tissus, ce qui provoque un oedème et c'est ça qui est douloureux", explique la Dre Prothe. Des questionnaires auto-déclaratifs récents ont permis d’estimer qu’une personne sur cinq avait souffert au moins une fois dans sa vie de symptômes hémorroïdaires en France. 

Régulariser le transit avant de traiter

La première chose à faire, d'après la Dre Carole Prothe, est de régulariser le transit : "Si on va à la selle une fois par jour, et que les selles sont dures et difficiles à évacuer, c'est déjà un problème de constipation. Un autre signe, c'est d'aller à la selle moins de deux fois par semaine". Manger des aliments riches en fibres et boire de l'eau pour bien s'hydrater sont ses premiers conseils. "Tout autre traitement ne peut pas être efficace si on ne régularise pas le transit", révèle-t-elle. Des laxatifs de première intention, assez doux, peuvent être prescrits par un proctologue. 

Certaines gélules et crèmes vendues en pharmacie contiennent des extraits de plantes ou des huiles essentielles, comme le myrte (Myrtus communis) ou l'Arbre à thé (ou Tea tree). Elles sont vantées pour leurs bienfaits contre les crises hémorroïdaires. Pourtant, aucune étude scientifique ne prouve leur efficacité. "Il y a très peu d'études et elles ne sont pas de bonne qualité, car les tests ont été réalisés sur un petit échantillon de personnes", indique la Dre Carole Prothe avant d'ajouter : "Les huiles essentielles sont mélangées à des actifs de crème qu'on utilisait déjà avant, donc difficile de savoir si elles soulagent vraiment".

À lire aussi : Quelles solutions naturelles existent pour soulager l'endométriose ?

Prudence avec les huiles essentielles

Plusieurs recettes de mixtures à base d'huiles essentielles circulent sur les blogs et les réseaux sociaux. Pourtant, ces solutions naturelles peuvent être abrasives. "Il faut faire attention à bien les diluer parce qu'elles peuvent être irritantes. Si elles sont trop concentrées, cela peut entraîner des brûlures sur les muqueuses", met en garde la Dre Prothe. Il existe des contre-indications pour un certain nombre d'huiles essentielles, l'avis d'un médecin ou d'un gastro-entérologue est nécessaire avant de les utiliser.

Les bains de siège sont aussi mis en avant, parfois avec des gouttes d'huiles essentielles ou alors, de vinaigre de cidre. "Cela peut être très abrasif. Une eau tiède, pas trop chaude pour ne pas se brûler, permet déjà de soulager. Encore une fois, c'est difficile de savoir si les huiles essentielles ou le vinaigre ont un effet", déclare la gastro-entérologue. "De toute manière, si des saignements répétés persistent, et ce, malgré les suppositoires et les crèmes, il faut toujours consulter", rappelle la Dre Prothe.