Huile essentielle de romarin, huile de ricin... peut-on les utiliser sans risque sur les cheveux ?

Depuis quelques années, les huiles essentielles sont vantées sur les réseaux sociaux pour leurs bienfaits, notamment dans les soins capillaires dits "naturels". La vedette est l'huile de romarin, réputée comme "l'une des rares huiles essentielles prouvée scientifiquement responsable de la pousse des cheveux", estime une vidéo publiée sur Instagram. Pourtant, ces résultats sont à nuancer, d'après Céline Couteau, maître de conférence en cosmétologie à la faculté de pharmacie de Nantes. 

Une étude juge l'efficacité de l'huile essentielle de romarin au même niveau que celle du Minoxidil 2%, un traitement utilisé contre certains cas d'alopécie. Cette expérience a été menée sur 100 patients atteints spécifiquement d'alopécie, sur une période de six mois. Mais ce résultat ne fait pas l'unanimité, car le nombre de participants à l'étude est très réduit, et qu'elle ne prend pas en compte l'influence d'autres facteurs sur la croissance des cheveux, tels que la génétique, la nutrition, le stress ou encore des changements hormonaux.

Une efficacité "hypothétique"

Dans ces conditions, difficile de déterminer si l'huile de romarin se révèle efficace dans la pousse des cheveux et l'impact qu'elle peut avoir. "Je conseille de se tourner vers une spécialité médicamenteuse validée avec une autorisation de mise sur le marché plutôt qu'une huile essentielle qui ne fait pas l'unanimité", recommande Céline Couteau. Et il est toujours préférable d'opter pour un produit qui utilise l'huile de romarin mais qui a été autorisé à la vente après des tests sur la peau, afin d'éviter une mauvaise réaction cutanée.

Le manque d'études scientifiques rigoureuses fait douter des bienfaits des mélanges à base d'huiles essentielles. "On le saurait si ces quelques gouttes suffisaient à améliorer la pousse des cheveux. L'efficacité est hypothétique", ajoute-t-elle. Un avis partagé par le Dr Numa Deydier, dermatologue au CHU de Brest : "Il existe des autoévaluations sur des effets possibles pour les personne qui ont de l'acné ou souffrant d'une perte des cheveux, mais difficile d'y voir un bienfait avéré", considère-t-il. 

L'huile de ricin favorise-t-elle la pousse des cheveux ?

Parmi les mélanges préconisés sur les réseaux sociaux, l'huile essentielle de romarin est souvent associée à l'huile de ricin, elle aussi réputée comme favorisant la pousse des cheveux. Pourtant, son efficacité n'est pas prouvée. "On entend beaucoup dire qu'elle est susceptible de faire pousser les cheveux, les cils et les poils mais c'est complètement faux, il n'y a aucune étude scientifique qui le prouve", déplore Céline Couteau.

Plusieurs commerçants proposent de préparer soi-même ses propres soins pour les cheveux, mais cela comporte des risques : "Il peut y avoir des effets indésirables à préparer le mélange soi-même, cela peut créer des problèmes cutanés. Il faut chasser de son esprit que le naturel est plus toléré et n'est pas toxique, il existe des plantes toxiques dans la nature, on le sait", déconseille la cosmétologue.

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Attention aux irritations pour le cuir chevelu

Si elles sont inefficaces, les huiles essentielles sont-elles au moins sans danger ? Rien n'est moins sûr, selon le Dr Numa Deydier. "Elles font partie de nos best-sellers dans les causes de l'eczéma irritatif. Cela peut provoquer de l'eczéma allergique, si les cellules immunitaires ont appris à reconnaître la molécule", témoigne le dermatologue. Les symptômes de l'eczéma irritatif ou allergique se caractérisent par une peau qui suinte, des rougeurs, des démangeaisons, l'apparition de petites bulles d'eau ou d'ampoules. 

Le Dr Numa Deydier a lui-même constaté des cas d'irritation dus à l'utilisation d'huiles essentielles chez ses patients. "Ces personnes étalaient ces huiles en croyant se faire du bien mais cela peut créer une réaction très toxique". Les irritations impliquaient surtout les mains et les bras, mais l'ensemble du corps peut être concerné. "La peau du cuir chevelu est plus épaisse mais il existe quand même des risques", confie le dermatologue. 

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Dans quels cas ne faut-il surtout pas utiliser d'huiles essentielles ?

Il existe plusieurs cas dans lesquels l'utilisation d'huiles essentielles est particulièrement déconseillée : 

• Chez les enfants de moins de trois ans, les huiles essentielles présentent des risques de troubles neurologiques et de convulsions.
• Chez les personnes ayant une peau déjà irritée ou à vif, appliquer des huiles essentielles risque de provoquer une réaction allergique car la peau ne peut plus jouer son rôle barrière.
• Chez les personnes qui font des allergies et chez les personnes ayant une peau atopique, une maladie de peau inflammatoire caractérisée par une grande sécheresse de la peau, car elle est dépourvue du film hydrolipidique naturel protecteur, ainsi que des lésions, des plaques rouges et des démangeaisons.

L'eczéma de contact allergique peut se produire après utilisation d’huiles essentielles "au domicile (en parfums d’ambiance, sur le linge, ou en applications cutanées…) mais aussi dans le cadre professionnel (masseurs-kinésithérapeutes, aromathérapeute…)", rappelle la Pre Angèle Soria dans un article pour Dermato-Info.

Quelles précautions prendre avec les huiles essentielles ?

Difficile d'appréhender l'impact sur la peau qu'aura un mélange fait à partir d'huiles essentielles. "D'une huile à une autre, la composition ne va pas être la même. Il y a une certaine variabilité des produits, entre une huile essentielle de lavande et une huile essentielle de giroflier par exemple, ainsi que de la manière dont est extraite l'huile, si cela vient de la racine ou d'une autre partie de la plante", évalue le Dr Numa Deydier. Les huiles essentielles sont toujours à utiliser avec précaution. Il est recommandé de se procurer des huiles bio et naturelles mais surtout de se renseigner sur les contre-indications.

Pour rappel, une huile essentielle ne s'utilise jamais en application directe sur la peau, mais toujours diluée dans une huile végétale. Tester le mélange d'huiles sur une petite zone du corps bien en amont, environ 10 à 15 jours avant l'application, permet de limiter les risques de réaction allergique. En cas de doute, l'avis d'un professionnel de santé reste conseillé. Privilégiez toujours l'achat de produits de soin pour la peau en pharmacie ou para-pharmacie.