Orgasme : est-ce que c'est grave de simuler ?
Lors d'un rapport sexuel, l'orgasme peut être simulé par les hommes ou par les femmes. Mais est-ce forcément problématique ? Le Dr Bou Jaoudé, sexologue, vous répond.

Aujourd'hui, et depuis plusieurs années, différentes études sérieuses ont été menées en France et à l'international pour chiffrer la pratique de la simulation. Les chiffres varient selon les études, mais l’idée est claire : la simulation n’est pas marginale, concerne aussi bien les relations occasionnelles que durables et aussi bien les femmes que les hommes !
Et oui, on imagine souvent que simuler ne concerne que les femmes, parce qu’on associe l’homme à l’érection et à l’éjaculation, supposées être des "preuves" objectives de plaisir. En réalité il est possible d'avoir une érection sans plaisir intense, de simuler l’éjaculation (préservatif, position, faible visibilité) ou de simuler un grand orgasme en éjaculant, alors que la sensation était faible. Sur ce plan là, l’homme est une femme comme une autre !
Pourquoi simule-t-on ?
Les raisons à ce phénomène peuvent être diverses et variées. Ainsi la simulation peut prendre plusieurs formes :
- La simulation "altruiste" : pour faire plaisir à sa/son partenaire.
- La simulation "d’ajournement" : pour mettre fin à un rapport sexuel sans devoir en discuter (fatigue, alcool, perte de plaisir, pas le courage de se lancer dans une grande discussion sur le moment).
- La simulation "craintive" : par peur de décevoir, d’être jugé·e, de "casser l’ambiance", voire de perdre l’autre.
- La simulation "dissimulante" : pour masquer un vrai trouble de l’excitation ou de l’orgasme, par honte ou crainte d’en parler.
- La simulation " jouissive" : chez certaines personnes, simuler le plaisir peut augmenter l’excitation et aide à avoir un plaisir réel.
Est-il grave de simuler ?
Simuler n'est pas grave, en soi, tout dépend des causes. En effet simuler une fois de temps en temps par manque d'énergie sur le moment ne pose pas de problème en général. En revanche, simuler régulièrement par peur de vexer le ou la partenaire, par sentiment d'être sous pression, ou parce qu’il y a de vraies difficultés sexuelles, cela pose plusieurs problèmes.
En effet c'est donner à l’autre de fausses informations (" ce geste me donne un orgasme "), ou figer un scénario qui ne convient pas au premier concerné, et sortir du mensonge peut être difficile. Le message à retenir est que le problème n’est pas de simuler, mais de s’y sentir coincé ou de ne pas être épanoui.
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Comment faire pour arrêter ?
Trois pistes pratiques pourront vous aider :
- Changer le "menu" du rapport sexuel : passer de l’entrée, plat, dessert à un plateau de mezze, pour rester dans la métaphore. Autrement dit, pas d’ordre imposé : piochez dans ce qui vous fait du bien, dans l’ordre que vous voulez, et comme vous aimez.
- Déplacer l’objectif : adoptez une attitude qui fait comprendre que vous cherchez la connexion et le plaisir du moment et non une performance. Et dites-le à votre partenaire. Oubliez donc l’idée de "je dois la/le faire jouir" et retenez plutôt " je vais lui permettre d’avoir du plaisir comme elle/il l’aime".
- S’intéresser à l’autre et l’informer : avant ou après les rapports, communiquez avec votre partenaire sur ce qu'il/elle aime, ce qu'il/elle veut changer, essayer... etc. Et sans en faire une une check-list non plus !
Et si vous sentez un mal-être persistant ou une difficulté sexuelle, parlez-en : les sexologues sont là pour ça !
