Cancers : les médecines alternatives augmentent le risque de décès

Le recours exclusif aux remèdes alternatifs, comme l’homéopathie ou le yoga, au détriment des traitements classiques possède un impact négatif sur la survie des cancers selon une étude américaine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Cancers : les médecines alternatives augmentent le risque de décès

Les patients qui choisissent de recourir aux seuls remèdes alternatifs pour soigner des cancers fréquents ont jusqu'à cinq fois plus de risque de mourir que ceux qui optent pour des traitements classiques, selon des chercheurs. Cette différence dans le risque de décès cinq ans après le diagnostic "a été la plus élevée pour le cancer du sein et du côlon", a déclaré l'auteur principal de l'étude, Skyler Johnson de l'Université de Yale.

L'étude, parue dans le Journal of the National Cancer Institute, rapporte l'impact sur la survie pour quatre cancers du recours exclusif aux remèdes alternatifs (homéopathie, plantes, qi gong, yoga, naturopathie, acupuncture, diètes, méditation, prières...) au détriment des traitements classiques (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, traitement hormonal).

Pour les besoins de l'étude, les chercheurs ont comparé le comportement de 560 malades traités de façon habituelle et de 280 autres - sans métastases - , ayant opté pour des médecines alternatives. En moyenne, le risque de décès a plus que doublé (multiplié par 2,5) cinq ans après le diagnostic pour le groupe "médecine alternative".

Le risque de mort, pour le cancer du sein a plus que quintuplé (5,68 fois plus), été multiplié par 4,57 pour le cancer colorectal, et doublé pour le cancer du poumon. Un tiers des patients pro-médecines alternatives atteints de cancer colorectal étaient ainsi en vie cinq après le diagnostic contre 79% de ceux traités classiquement, selon l'étude.

Des résultats "probablement sous-estimés"

"Pour le cancer de la prostate, il n'y a guère de différence entre ceux qui ont opté pour un traitement conventionnel (91,5% de survie à 5 ans) ou un traitement alternatif (86,2%)", note le Pr Johnson. "Le cancer de la prostate se développe généralement très lentement au début" et sur de nombreuses années, explique-t-il sans écarter les effets des surdiagnostics.

"Pour plusieurs raisons" ces résultats sont "probablement sous-estimés", a dit le Pr Johnson. D'abord, ces données ne couvraient que le traitement initial, ce qui signifie que certains des patients qui ont d'abord utilisé des remèdes alternatifs ont pu passer aux traitements standards, une fois que leur maladie a progressé, et prolonger ainsi leur survie.

De plus, le groupe ayant eu recours aux médecines alternatives était en meilleure santé au départ, plus jeune, jouissait d'un meilleur niveau d'éducation et de revenus plus élevés. "Nous ne connaissons pas le nombre exact de personnes qui décident de recourir à une médecine alternative au lieu d'un traitement conventionnel contre le cancer", a dit le Pr Johnson, car les patients hésitent à se confier aux médecins à ce sujet.

Avec AFP