Le bio n'est pas toujours meilleur pour la santé selon 60 millions de consommateurs

La revue sort un hors-série sur les dérives des produits bio. Certains produits contiennent autant de polluants, de plastiques, de gras ou encore de sucre que les produits classiques. 

Maud Le Rest
Rédigé le
Le bio n'est pas toujours meilleur pour la santé selon 60 millions de consommateurs
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Meilleur pour la santé, le bio ? Pas forcément. C’est ce que révèle 60 Millions de consommateurs dans son hors-série, disponible en kiosques dès le 5 juin. La revue a analysé la composition de 130 produits, classés en 16 catégories : "Fruits, laits, yaourts et desserts lactés, œufs, huiles d’olive, gâteaux, müeslis, pâtes à tartiner, jus de fruits, viandes, poissons, charcuteries, produits apéritifs, plats cuisinés et pizzas."

Substances cancérogènes et perturbateurs endocriniens

Les résultats de l’association sont très révélateurs. Tout d’abord, elle indique que plusieurs œufs et laits référencés bio contiennent davantage de PCB et de dioxines que les produits classiques. "Ces substances cancérogènes sont classées comme perturbateurs endocriniens. Elles ne sont pas éliminées par l’organisme et s’accumulent tout au long de la vie" souligne Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef adjointe de 60 Millions.

Comment expliquer une telle concentration ? En agriculture biologique, les poules et les vaches sortent s’ébattre, et peuvent être en contact avec des sols contaminés. "Avant qu’un agriculteur ne s’installe, ses sols ne sont pas testés" précise Christelle Pangrazzi. Les fruits et légumes ne sont pas en reste. Plusieurs d’entre eux sont en effet cultivés à proximité de sols contaminés ou de sources polluantes. De quoi questionner la pertinence du "label bio"…

Du sucre ajouté dans les gâteaux

L’association a par ailleurs détecté la présence de plastiques – dont des phtalates – dans certaines huiles. "Les huiles d’olive originaires de Tunisie, par exemple, sont transportées dans des cuves en plastique, et l’huile est un corps gras aux propriétés particulièrement absorbantes" développe Christelle Pangrazzi.

Enfin, des produits transformés comme des pâtes à tartiner ou des gâteaux sont tout aussi gras et sucrés que des produits similaires de la gamme non bio. "Certains gâteaux contiennent de la farine complète, plus amère que la farine classique. On rajoute donc du sucre pour en masquer le goût" indique la rédactrice en chef adjointe de 60 Millions de consommateurs. Ces gâteaux contiennent en outre des sucres invertis, qui favorisent le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Autre aberration dénoncée par la revue : la réputation "diététique" de plusieurs jus de fruits bio. Certains d’entre eux contiennent en effet tout autant, sinon davantage, de sucre que les jus classiques – même s’ils côtoient les rayons nutrition. "Parfois, il y a autant de sucre dans un verre de jus bio que dans un verre de soda", note Christelle Pangrazzi.

Des pesticides naturels

60 Millions rappelle, enfin, que l’agriculture bio accepte certains pesticides naturels, comme la bouillie bordelaise, un fongicide fabriqué avec du cuivre et de la chaux, potentiellement toxique pour l’homme. L’azadirachtine, de même, est tolérée dans le bio, alors qu’elle tue les abeilles et les bourdons.

"Nous sommes à un tournant de bio massif. Si ces failles ne sont pas réglées, les industriels vont s’y engouffrer", alerte Christelle Pangrazzi. Pour le moment, une révision du label bio européen est prévue pour 2021. La journaliste espère que celle-ci forcera les industriels à utiliser des ingrédients plus nobles, car "ce n’est pas au consommateur de dépenser plus".

"Comment la certification "agriculture bio" est-elle contrôlée ?" Sujet diffusé le 29 mai 2019.