Trois nouveaux progestatifs augmentent le risque de méningiome

Après l'Androcur, le Lutéran et le Lutényl, trois autres progestatifs, le Colprone, le Depo Provera et le Surgestone sont susceptibles d'augmenter le risque de méningiome, une forme de tumeur au cerveau, alerte l'ANSM.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Trois progestatifs (Colprone, Depo Provera et Surgestone) multiplient le risque de méningiome
Trois progestatifs (Colprone, Depo Provera et Surgestone) multiplient le risque de méningiome  —  Shutterstock

Le risque de méningiome, déjà bien connu avec certains progestatifs comme Androcur ou Lutéran, existe aussi avec d'autres traitements de cette famille de médicaments utilisés dans diverses pathologies féminines. C'est ce que montre une vaste étude publiée lundi 26 juin par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Toutefois, le risque de méningiome, une forme de tumeur au cerveau qui peut provoquer de graves handicaps même si elle n'est pas susceptible d'évoluer de façon mortelle, n'est pas généralisé à l'ensemble des progestatifs, notamment ceux présents dans les stérilets, rassure l'agence.

Trois nouveaux produits ayant un "surrisque"

"Il y a trois nouveaux produits pour lesquels notre étude retrouve un 'surrisque' significatif de méningiome, mais un ensemble d'autres produits pour lesquels on conclut qu'il n'y en a pas", a résumé à l'AFP Alain Weill, qui a supervisé cette étude. Celle-ci a été menée rétrospectivement auprès d'une centaine de milliers de femmes pour le groupement scientifique EPI-PHARE, constitué par l’ANSM et la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam).

Les progestatifs sont des médicaments utilisés dans diverses pathologies comme l'endométriose, dans l'accompagnement de la ménopause, face à des problématiques comme l'infertilité et, enfin, comme contraceptif.

Depuis quelques années, un risque élevé de méningiome a été avéré pour l'un de ces progestatifs, l'Androcur. Par la suite, un lien a également été établi avec deux autres médicaments de cette famille, Lutéran et Lutényl.      

Colprone, Depo Provera et Surgestone pointés du doigt

La question se posait donc de savoir à quel point tous les progestatifs étaient concernés. L'ANSM avait appelé les médecins à la vigilance en début d'année, évoquant un possible effet "classe", c'est-à-dire associé à toute cette catégorie de médicament. 

Finalement, les conclusions de l'étude s'avèrent contrastées. Trois progestatifs, Colprone (médrogestone), Depo Provera (médroxyprogestérone) et Surgestone (promégestone), multiplient bien le risque de méningiome. 

Les deux derniers sont peu, dans le cas de Depo Provera, ou ne sont plus, pour Surgestone, prescrits. Le cas de Colprone, qui multiplie par quatre le risque de méningiome, apparaît plus problématique car il est actuellement donné à plusieurs dizaines de milliers de patientes.

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Duphaston, Climaston et Utrogestan sans danger

L'étude expose aussi qu'il n'y a pas de risque associé à des traitements qui sont, eux, beaucoup plus prescrits. C'est le cas d'Utrogestan (progestérone) et de Duphaston et Climaston (dydrogestérone), prescrits à des centaines de milliers de patientes.

Surtout, il n'y a pas de risque avéré lié à l'usage d'un dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet) délivrant des progestatifs. Un dispositif probablement utilisé par plus de 500 000 femmes en France, selon les chercheurs.

Androcur : mieux informer les patients des risques
Androcur : mieux informer les patients des risques  —  Le Mag de la Santé -France 5