Prosopagnosie : "Ne pas reconnaître quelqu'un, c'est le pire signal social"

Imaginez être incapable de reconnaître votre soeur, vos collègues ou même votre propre reflet dans le miroir. C’est ce que vit Élodie Poux et toutes les personnes atteintes de prosopagnosie, un trouble neurologique rare.

Anne-Laure Jean
Rédigé le
Prosopagnosie : l'incapacité à reconnaître les visages
Prosopagnosie : l'incapacité à reconnaître les visages  —  Le Mag de la Santé - France 5

L'impossibilité de reconnaître les visages de ses proches ou de célébrités C'est ce dont souffre Élodie Poux, humoriste et comédienne, atteinte d'un trouble neurologique rare, la prosopagnosie.

Un véritable handicap social

La prosopagnosie est une défaillance dans l’analyse structurelle des visages. Elle entraîne une incapacité à attribuer une identité aux visages et donc à reconnaître un visage comme étant familier.

"C'est handicapant socialement, parce que tout le monde a envie d'être reconnu dans la vie. Ne pas reconnaître quelqu'un, c'est envoyer le signe que vous vous fichez complètement de cette personne ou que vous êtes hautain et c'est vraiment le pire signal à envoyer socialement" confie Élodie Poux. "Quand quelqu'un dit « J'ai croisé untel, il ne m'a pas dit bonjour », on a besoin de le raconter tellement c'est choquant. Je crois que je passe mon temps à choquer tout le monde", s'exclame-t-elle.

Pas de guérison, mais de la rééducation

C'est dans que La prosopagnosie trouve son origine non pas dans l'oeil, mais dans le cerveau, plus précisément au niveau d'une toute petite région spécialisée dans la reconnaissance des visages, le gyrus fusiforme. Le dysfonctionnement peut être héréditaire. Mais la prosopagnosie apparaît parfois après un AVC, une tumeur ou un traumatisme crânien.

La seule certitude est que celles et ceux qui souffrent de ce trouble ne peuvent pas en guérir. Mais il est possible d'apprendre à vivre avec, en se rééduquant. "On peut essayer de leur apprendre à distinguer la forme précise des yeux, des pommettes saillantes ou pas, celle des lèvres, fines ou charnues" liste Sylvie Chokron, neuropsychologue, directrice de recherche au CNRS. 

S'appuyer sur des détails caractéristiques

"Apprendre volontairement à analyser les traits du visage en espérant qu’au fur et à mesure, tout ça s'automatise et que quand ils regardent un visage, ils se disent, c'est untel et qu'ils puissent restaurer une reconnaissance visuelle des visages quasiment automatique", poursuit cette spécialiste.

Élodie, n’a pas suivi de rééducation. Pour reconnaître celles et ceux qui l’entourent, elle s'appuie sur d’autres signes distinctifs : une cicatrice, une coupe de cheveux, une attitude parfois. "Pour les autres, ce sont des gens", ironise-t-elle.