Pompier et diabétique... Ce sera bientôt possible !

Hôtesse de l’air, marin, conducteur de train ou encore pompier, aujourd'hui ces métiers sont inaccessibles en France pour les personnes atteintes de maladies chroniques, comme le diabète. Une discrimination qui devrait bientôt être levée grâce à une proposition de loi adoptée fin novembre.

Alexandra James
Rédigé le
Le Magazine de la Santé

Depuis l'âge de 8 ans, Benjamin a un rêve, celui de devenir pompier. Après avoir été sapeur-pompier lors de son adolescence, il veut maintenant en faire son métier. 

Inaptitude temporaire

"Je m'entraîne beaucoup, je fais beaucoup de pompes, abdos, course à pied et squats", explique Benjamin, 18 ans. 

Depuis 4 ans, le jeune homme est atteint d’un diabète de type 1. Cette maladie compromet son avenir, puisqu’en France, les personnes diabétiques ne peuvent pas exercer certains métiers physiques, comme celui de pompier

"J’ai passé ma visite médicale, tout s’est bien passé sauf pour mon diabète. Ils m’ont déclaré inapte temporairement", confie Benjamin.

Un nouveau texte adopté par le Parlement

Fin novembre, une loi adoptée par le Parlement doit mettre fin à cette interdiction, de quoi redonner de l’espoir à Benjamin.

"Ce qui ne me fait pas lâcher, c’est la motivation. Je suis dans l’attente que la loi passe pour que je devienne pompier professionnel", se rassure Benjamin.

Jean-Marc, lui a réussi à être pompier malgré le diabète. Ce matin à la caserne, son équipe s’entraîne à désincarcérer une personne coincée dans un véhicule accidenté. Jean-Marc est le chef de l’intervention. 

Prouver que diabète et sport sont compatibles

Son diabète n’est aujourd’hui pas un frein pour lui. Pourtant, lorsque sa maladie s’est déclarée il y a treize ans, alors qu’il était déjà pompier, Jean-Marc a d’abord été écarté de certaines missions.

Il a dû se battre pour montrer que le diabète et un métier physique étaient compatibles. 

"J’étais déjà pompier pro quand j’ai développé ce diabète. J’ai eu une relation de confiance avec le médecin chef à l’époque qui m’a permis de continuer, en contrôlant très bien mon diabète. J’ai jamais fait de malaise ou quoi que ce soit sur une intervention donc tout se passe toujours très bien", explique Jean-Marc Brouart, sapeur-pompier professionnel, SDIS Péronne (80).

Jean-Marc est diabétique de type 1, il doit faire très attention à son taux de sucre dans le sang, pour ne pas risquer de faire un malaise en pleine opération. Il a donc adapté ses injections d’insuline.

"Je suis en train de programmer la dose d’insuline que je vais m’injecter. Au lieu d’injecter directement, je vais injecter de manière prolongée sur 30 minutes, comme ça, si je pars en intervention, je peux l’arrêter en cours, et ne pas avoir ma dose d’insuline si je n’ai pas mangé", commente Jean-Marc Brouart.

Deux visites médicales par an

Pour veiller à ce que le diabète ne pose pas de problème, Jean-Marc doit suivre non pas une, mais deux visites médicales par an. L’objectif est de s’assurer que le pompier est bien apte à intervenir sur le terrain, notamment sur les incendies.

"C'est une mission très exigeante au plan de la concentration, de l’engagement à l’effort, qui demande un énorme travail cardio-vasculaire notamment. Le risque de malaise, d’hypoglycémie, est parfaitement réel. On prend vraiment un luxe de précautions pour les surveiller tout au long de leur carrière", commente François-Xavier Chapon, médecin chef par intérim, SDIS 80.

Pour Jean-Marc, être pompier le motive encore plus à surveiller de près son diabète. Benjamin, lui, devra encore patienter pour que son rêve se concrétise. Un comité interministériel a désormais trois ans pour faire évoluer les règles de chaque métier.