Ongles : quand il faut opérer en urgence

Les infections et traumatismes des ongles nécessitent parfois une intervention en urgence, par des chirurgiens spécialisés. Reportage dans un service SOS Mains à Trappes.

Céline Morel
Rédigé le
Ongles : quand il faut opérer en urgence
Ongles : quand il faut opérer en urgence  —  Le Magazine de la Santé

À l'hôpital de Trappes, en région parisienne, le service des urgences de la main compte sept chirurgiens spécialisés qui se relaient nuit et jour. Un tiers des interventions concernent les ongles. 

C'est le cas pour Isabelle, 56 ans, qui souffre depuis quatre jours d’une douleur pulsatile au niveau du majeur de sa main gauche. "Il y avait un petit morceau d’ongle qui s'est détaché, j’ai voulu tirer dessus et je pense qu’il y a un morceau qui a dû rester. Ça fait comme une boursouflure, c’est chaud, et dès qu’on appuie dessus, c’est très douloureux", explique la patiente.

Le panaris, une infection à traiter en urgence

Cette boursouflure est un panaris. Une infection qui doit être opérée en urgence pour éviter qu’elle ne se propage à l’articulation, à l’os ou au tendon. La chirurgie se déroule sous anesthésie locale.

"Le panaris est l’infection qu'on prend le plus fréquemment en charge en chirurgie de la main", révèle le Dr Romain Chassat, chirurgien de la main. 

Il faut d'abord délimiter la zone et la perforer pour évacuer le pus. Mais cela ne suffit pas pour éviter une récidive : le chirurgien doit réséquer l'intégralité de la zone infectée.
Ce panaris ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir pour Isabelle, car elle a consulté rapidement. Mais les patients ne sont pas toujours aussi réactifs.

Ongle mal coupé, ongle incarné !

"Les infections surviennent sur des plaies de l’ongle qui sont souvent négligées", remarque le chirurgien. Or "les complications des plaies de l’ongle infectieux sont très douloureuses, il faut une prise en charge rapide pour éviter d'autres complications importantes", avertit le Dr Romain Chassat.

Alexis, 15 ans, a quant à lui sous-estimé un traumatisme de l’ongle et souffre depuis deux mois. À l'origine de ses douleurs :  un ongle mal coupé, qui a évolué en ongle incarné.
Une simple "irrégularité dans le coin de l'ongle" peut "provoquer l'ongle incarné", confie en effet le Dr Gildas Ducharne, chirurgien de la main. 

Nettoyer, découper, recoudre

Pour traiter la lésion, un anesthésiant local est d’abord injecté à la racine de l’orteil. Première étape : nettoyer le botriomycome, mélange de croûte, de poussières de chaussettes et de suintement, à l'aide d'une petite curette. Puis, avec un bistouri, le chirurgien doit couper toute la partie incarnée de l’ongle. C'est une étape impressionnante, mais l’orteil retrouvera son apparence normale.

"On démarre de l’endroit où se trouve la matrice unguéale, et on coupe d’un seul bloc la matrice, l’ongle et le lit de l’ongle. Si on laisse un bout de matrice, ça récidive", précise le Dr Gildas Ducharne.

Après avoir découpé le surplus de peau, il ne reste plus au chirurgien qu’à recoudre pour fermer le sillon. 
Le botriomycome a disparu, le sillon a été fermé, l’ongle ressort . Les points de suture seront retirés dans 15 jours et Alexis pourra reprendre le sport d’ici trois semaines.