Insecticides : la population antillaise surexposée au chlordécone

Aux Antilles, la population reste surexposée à l’insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien chlordécone, selon l'Anses.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le chlordécone est un insecticide cancérogène qui été utilisé aux Antilles dans la culture de la banane.
Le chlordécone est un insecticide cancérogène qui été utilisé aux Antilles dans la culture de la banane.

Près de 20 % des enfants guadeloupéens et 7 % des enfants martiniquais vivant dans les zones où les sols sont contaminés au chlordécone seraient surexposés à ce cancérogène, selon l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), qui a publié un rapport le 15 décembre. Le chlordécone est un insecticide cancérogène classé parmi les perturbateurs endocriniens, qui a été utilisé aux Antilles entre 1972 et 1993 dans la culture de la banane. On en trouve encore dans certains sols, dans des produits d’origine végétale ou animale et dans des points d'eau.

L’autoproduction dans le viseur

Néanmoins, "l’approvisionnement par des circuits informels (autoproduction, dons, bords de route) entraîne une exposition supérieure à celle apportée par les modes d’approvisionnement en circuits contrôlés (grandes et moyennes surfaces, marchés, épiceries)", note l’Anses. Ce n’est donc pas la grande distribution qui est en cause, mais les productions personnelles.

En effet, consommer des produits que l’on a fait pousser sur des sols contaminés au chlordécone "peut entraîner des surexpositions", selon l’Anses, qui conseille par ailleurs "de ne pas consommer plus de quatre fois par semaine des  produits de la pêche et ne pas consommer de produits de pêche en eau douce". L’agence préconise en outre "d'étendre ces recommandations à d’autres denrées" comme les œufs, car "l'a consommation d'œufs et de volaille produits en zone contaminée" peut aussi provoquer une surexposition.

Une vaste campagne de communication prévue en Martinique

Seul point positif du rapport : d’après l’Anses, les limites maximales de résidus (aussi appelées LMR, pour limites autorisées dans les aliments) en vigueur sont suffisamment protectrices. En effet, un abaissement de ces LMR dans la grande distribution ne servirait pas à grand-chose, puisque c’est la production informelle qui est concernée, et que "le respect des LMR n'y est pas assuré".

L’Anses explique : "Les individus s’approvisionnant majoritairement en circuits contrôlés, qui garantissent le respect des LMR, ne sont pas exposés à des dépassements de la valeur toxicologique de référence." Aussi l’agence estime-t-elle qu’il est "plus pertinent d’agir par des recommandations de consommation plutôt que par un abaissement des LMR". En conséquence, la préfecture de Martinique a annoncé qu’elle allait lancer une vaste campagne d’information dès janvier.