Les compléments alimentaires des influenceurs dans le viseur des autorités de santé

Ces produits aphrodisiaques ou minceur contiennent de puissants médicaments soumis à prescription médicale, alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation et du travail. Ils exposent les consommateurs à des effets secondaires graves.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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L’Anses pointe du doigt les produits adultérés qui circulent en nombre sur les réseaux sociaux et Internet
L’Anses pointe du doigt les produits adultérés qui circulent en nombre sur les réseaux sociaux et Internet  —  Shutterstock

Vous avez sûrement déjà vu des placements de produits, des prétendus “remèdes” sur les réseaux sociaux d’influenceurs et d’anciennes stars de la téléréalité. Dans son dernier bulletin Vigil’Anses publié en mars 2021, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) met en garde contre ces produits “naturels” qui contiennent pourtant, “de manière cachée”, de puissants médicaments aux effets indésirables parfois dangereux.

Les produits à base de tadalafil ou de sildénafil sont particulièrement visés par l’autorité de santé. Ils sont tous deux “soumis à prescription médicale obligatoire dans le traitement des troubles de l’érection”, précise le rapport. Or, ils sont largement utilisés dans des “miels aphrodisiaques" vendus sur Internet, sans que le consommateur ne connaisse la composition de ces produits.

Le danger des produits adultérés

L’Anses pointe du doigt les produits adultérés, "c'est-à-dire contenant une substance active non mentionnée dans la composition" qui circulent en nombre sur les réseaux sociaux et Internet. “Leur vente se fait dans des circuits non conventionnels” par ces biais “et les intoxications sont parfois dramatiques”, dénonce l’Agence. 

Les effets secondaires de ces “produits adultérés” peuvent parfois être extrêmement graves. Ainsi, en octobre 2021, un homme de 36 ans “sans antécédents particuliers a présenté une érection permanente entraînant des lésions irréversibles du pénis, après avoir pris du Black horse vital honey”, un miel aphrodisiaque désormais interdit. 

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"Aucun contrôle"

D’autres produits ont d’ores et déjà été interdits par les autorités sanitaires françaises. La police sanitaire de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a ainsi interdit en 2017 le complément alimentaire Chewel, qui contenait, sans que cela ne soit mentionné, de la sibutramine, un médicament amphétaminique anorexigène interdit depuis 1998. 

Ces compléments alimentaires entraînent des intoxications de plus en plus fréquentes, prévient Juliette Bloch, directrice des alertes à l’Anses, au Parisien. “Dans ces produits, il n’y a aucun dosage fiable, vous vous retrouvez parfois avec l’équivalent de plusieurs médicaments dans quelques millilitres ou grammes d’un produit. C’est irrégulier, certains lots ont de fortes doses, d’autres n’en ont pas. Tout cela sans aucun contrôle”, regrette-t-elle. 

Des solutions ?

Dans son rapport, l’Anses rappelle qu’une alimentation “suffisante et équilibrée apporte tous les éléments nécessaires à un bon état de santé, sans qu’il y ait besoin de compléments alimentaires”. 

Les consommateurs doivent par ailleurs éviter les achats sur Internet de compléments alimentaires à visée minceur ou aphrodisiaque. “Il est recommandé d’en parler à son médecin avant de commencer la consommation”, conclut le rapport. 

Méfiez-vous des placements de produits des influenceurs !  —  AlloDocteurs