L'épidémie de bronchiolite met déjà les services pédiatriques sous pression

La hausse des hospitalisations pour des cas de bronchiolite exerce déjà une pression sur les services pédiatriques, alerte Santé publique France. L'agence appelle à la prudence et rappelle l'importance des gestes barrière.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Chaque année ce virus infecte 30 % des enfants de moins de 2 ans
Chaque année ce virus infecte 30 % des enfants de moins de 2 ans  —  shutterstock

La bronchiolite est bel et bien de retour comme chaque automne. L'épidémie a commencé cette année comme l'an dernier de manière précoce, et s'il est impossible pour le moment de prévoir son évolution, "il faut s'attendre à un impact sur les services de pédiatrie", a prévenu vendredi 14 octobre Santé publique France.

30 % des moins de deux ans infectés

L'épidémie de bronchiolite est désormais en cours dans quatre régions françaises (les Hauts-de-France, l'Ile-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie) et apparaît à l'horizon dans dix autres, avaient indiqué mercredi 12 octobre les autorités sanitaires. Cette maladie respiratoire touche les bébés. Courante et très contagieuse, la bronchiolite provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Même si elle est angoissante pour les jeunes parents, elle est la plupart du temps bénigne. Mais elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation. Chaque année ce virus infecte 30 % des enfants de moins de deux ans.

Lors du point de presse de Santé publique France, vendredi 14 octobre, l'épidémiologiste Sophie Vaux a indiqué : "ce qu'on voit actuellement est clairement une augmentation des indicateurs épidémiologiques, une hausse des hospitalisations". Pour la suite, "on va rester très prudents en raison de la circulation du Covid-19 et de la compétition potentielle" des deux virus, a-t-elle ajouté. 

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Début de crise dans les services pédiatriques ?

Néanmoins, il faut "s'attendre à un impact sur les services de pédiatrie", a-t-elle dit, mettant l'accent sur l'importance des gestes barrières pour limiter la circulation du virus.

Sur le terrain, les soignants tiennent un discours semblable, dans un contexte persistant de manque de personnel à l'hôpital. "Je ne dirais pas qu'on est en train de craquer pour l'instant, mais on sent que ça commence à grimper", a témoigné auprès de l'AFP Noëlla Manquin, infirmière puéricultrice à l'hôpital parisien Robert-Debré. "On a des enfants qui arrivent et qui sont (dans un état) beaucoup plus grave qu'il y a une semaine : on va les garder beaucoup plus longtemps aux urgences", a-t-elle détaillé. "Ils sont de plus en plus petits, aussi : ça va de quelques jours à deux ou trois mois".

Le Covid a modifié la temporalité de l'épidémie

En temps normal, l'épidémie de bronchiolite suit le même schéma saisonnier d'une année sur l'autre : elle démarre entre fin octobre et mi-novembre, atteint un pic en décembre, se termine fin janvier voire fin février. Le nombre d'hospitalisations est ainsi plus élevé que ce qui est habituellement observé début octobre, confirmant le scénario d'une épidémie plus précoce pour la deuxième année d'affilée.

Mais cette temporalité a été affectée depuis le Covid-19, dans de nombreux pays. L’épidémie 2020-2021 a été beaucoup plus tardive, avec un début mi-février 2021, et a eu un impact moindre qu'habituellement. À l'inverse, l'épidémie 2021-2022 a été plus précoce, dans un contexte de fin des confinements : elle a démarré début octobre et eu un impact sur l'ensemble de la saison plus important que d'ordinaire.

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