Cancer du poumon “non à petites cellules” : un comprimé réduit de moitié le risque de décès

La prise du médicament a entraîné une réduction de 51 % du risque de décès pour les patients traités, comparé au placebo.

Mathis Thomas avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
L'osimertinib entraîne des effets secondaires comme une grande fatigue, des rougeurs cutanées ou des diarrhées
L'osimertinib entraîne des effets secondaires comme une grande fatigue, des rougeurs cutanées ou des diarrhées  —  Shutterstock

Des résultats “impressionants” qui pourraient sauver des milliers de vies. Un comprimé a démontré réduire de moitié le risque de décès d'un certain type de cancer de poumon, lorsqu’il est pris quotidiennement après une opération chirurgicale pour enlever la tumeur. Ces résultats ont été présentés dimanche 4 juin à Chicago, lors du Congrès annuel du cancer.

Un traitement développé par AstraZeneca

Ce traitement développé par le groupe pharmaceutique AstraZeneca, l'osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso), vise un type particulier de cancer du poumon. Il concerne les patients atteints d'un cancer dit "non à petites cellules" (la forme la plus commune), et présentant un type particulier de mutation.

Le cancer du poumon est le cancer qui cause le plus de décès, avec environ 1,8 million de morts déplorés chaque année dans le monde.

Il existe deux principaux types de cancer du poumon. Le plus répandu, le cancer "non à petites cellules" représente plus de 80 % des cas. Et le cancer dit "à petites cellules", qui correspond à 15 % des cas. Leur traitement n'est pas le même, seul le cancer du poumon "non à petites cellules" est opérable.

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Une nette amélioration après 5 ans de traitement

Le plus souvent, le cancer du poumon se développe sans provoquer de douleurs, car les poumons ne sont pas innervés. Beaucoup de ces cancers sont diagnostiqués assez tardivement, alors qu'il existe déjà des métastases. Dans plus de 80 % des cas, le tabac en est à l'origine.

L'essai clinique comprenait 680 participants à un stade précoce de la maladie (stades 1b à 3a), dans plus d'une vingtaine de pays, dont des patients français à Lille, Limoges, Bron, Paris et Lyon.

Ils devaient avoir été d'abord opérés pour enlever la tumeur, puis la moitié des patients a pris le traitement quotidiennement, et l'autre un placebo. Au bout de cinq années, 88 % des patients ayant pris le traitement étaient toujours vivants, contre 78 % des patients ayant pris le placebo.

L'osimertinib autorisé dans des dizaines de pays

Ces données sont "impressionnantes", a déclaré dans un communiqué Roy Herbst, de l'université Yale, qui les a présentées à Chicago. Le médicament permet "d'empêcher la maladie de se propager au cerveau, au foie et aux os", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Environ un tiers des cas de cancers "non à petites cellules" peuvent être opérés lorsqu'ils sont détectés, a-t-il précisé. L'osimertinib est déjà autorisé dans des dizaines de pays, et a déjà été donné à quelque 700 000 personnes, selon un communiqué d'AstraZeneca.

Son autorisation aux Etats-Unis en 2020 pour l'indication concernée ici s'appuyait sur de précédentes données, ayant montré une amélioration de la survie des patients sans maladie, c'est-à-dire le temps vécu sans récidive du cancer.

Quels sont les effets secondaires du comprimé ?

Mais tous les médecins n'ont pas encore adopté le traitement, et attendaient les données concernant la survie globale, présentées dimanche, a expliqué Roy Herbst. Il a souligné le besoin de "dépister les patients" pour savoir s'ils présentent la mutation du récepteur de l'EGF. "Sinon nous ne pouvons pas utiliser ce nouveau traitement", a martelé l'oncologue.

 L'osimertinib, qui vise ce récepteur, entraîne des effets secondaires, a-t-il précisé, comme une grande fatigue, des rougeurs cutanées ou des diarrhées.

Cancer du poumon : une chirurgie de précision  —  Le Mag de la Santé - France 5