Cancer du côlon : mieux dépister grâce à l'intelligence artificielle

La coloscopie permet de repérer le plus tôt possible les polypes du côlon qui peuvent devenir cancéreux. L'intelligence artificielle permettrait d'augmenter la précision de cet examen pour limiter le nombre de cancers. Reportage.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
Intelligence artificielle : mieux dépister le cancer du côlon
Intelligence artificielle : mieux dépister le cancer du côlon  —  Le Mag de la Santé - France 5

Quand la caméra de la coloscopie tombe sur un polype de plus d’un centimètre, l’œil du médecin ne peut pas le rater. Mais pour essayer d’en détecter des beaucoup plus petits, ce service teste actuellement une intelligence artificielle (IA). La machine donne l’alerte avec un rectangle vert dès qu’elle trouve quelque chose d’anormal sur les parois du côlon.  

2000 patients pour valider l’intérêt de l’IA

"Le côlon n'est pas un tube rectiligne, il y a des angles, des plis qui cachent parfois les lésions. Le fait d'avoir un petit carré qui s'allume, permet de repasser sur la zone et de voir qu'effectivement, il y avait un polype à ce niveau-là. Parfois, il voit un pli, il prend ça pour un polype. Nous devons bien regarder si on voit ou non un polype", explique la Dr Vanessa Polin, gastro-entérologue au groupe hospitalier Diaconnesse Croix-Saint-Simon.

Avec 2 000 patients, l’étude coordonnée par la Dr Jenny Tannoury, gastro-entérologue au groupe hospitalier Diaconnesse Croix-Saint-Simon, va déterminer qui est le plus efficace entre l’œil humain et la machine qui a mémorisé des millions d’images d’anomalies du côlon. Un tirage au sort détermine si l’examen est réalisé avec ou sans intelligence artificielle. Pour ce patient, c’est avec.
 
"Là, il y en a un, peut-être que je ne l'aurais pas vu si l'appareil ne me l'avait pas indiqué. On le voit à peine, mais c'est un polype qu’il faut enlever. Là où c’est difficile, c'est quand ce sont ces polypes qu'on ne voit pas très bien et qui sont parfois des polypes qui évoluent très vite", commente la Dr Sylvie Grimbert, gastro-entérologue au groupe hospitalier Diaconnesse Croix-Saint-Simon.

5% des patients développent un cancer entre deux coloscopies

La détection et l’élimination de ces polypes de moins d’un millimètre d’épaisseur qui peuvent devenir cancéreux sont cruciales. Il faut éviter le développement d’une tumeur entre deux examens.   

"5% des patients vont faire des cancers d'intervalle. C'est-à-dire qu'entre deux coloscopies de surveillance, ces polypes n'ont pas été diagnostiqués, pas repérés lors d'une coloscopie, ils vont pouvoir se transformer en quelques années, rapidement", confie la Dr Sylvie Grimbert. L’étude va donc permettre d’évaluer si l’intelligence artificielle est capable de réduire ces cancers d’intervalle.

"Quand vous arrivez en fin de journée et que vous avez fait 15-17 examens, vous pouvez complètement passer à côté, donc c'est important. Le logiciel nous rappelle toujours un peu de vigilance", commente la Dr Sylvie Grimbert.

Dépister tôt pour mieux soigner

Au-delà de cette première impression, il faut que l’étude apporte une preuve solide pour justifier l’achat de ce logiciel d’intelligence artificielle qui coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros.

La preuve qu’il améliore le dépistage par coloscopie que Patrick vient régulièrement réaliser.  

"L'enjeu est tout simplement de trouver des polypes et de les retirer avant qu'ils ne se transforment en cancers. J'ai des membres de ma famille qui sont décédés de cancers parce qu'ils ne voulaient pas faire de coloscopie. Donc je suis à 100 % pour la coloscopie", explique Patrick, 67 ans. Un cancer colorectal, identifié à un stade précoce, peut être traité et guéri très efficacement.