Biberons toxiques : enquête et solutions alternatives

Pourquoi des biberons stérilisés à l’oxyde d’éthylène ont-ils été commercialisés et distribués alors que même ce gaz est classé depuis 1994 comme hautement cancérogène ?

Stéphanie Rathscheck
Rédigé le
Biberons toxiques : enquête et solutions alternatives

La polémique des biberons et tétines toxiques qui a éclaté en milieu de semaine dernière continue. Nos confrères du Nouvel Observateur ont révélé que ces matériels médicaux étaient stérilisés avec un gaz cancérogène, l'oxyde d'éthylène. Xavier Bertrand prend la question très au sérieux.

Une enquête de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) en lien avec la Direction Générale a été ouverte vendredi 18 novembre 2011, pour comprendre "comment ces dysfonctionnements ont pu se produire". En attendant, le ministère de la Santé promet "le déploiement progressif de solutions alternatives permettant dès que possible le retrait".

Depuis la sortie de l’article du Nouvel Observateur, le ministère de la Santé a demandé des comptes aux industriels fournisseurs. Ces derniers ont joué franc jeu : ils ont apporté la preuve que le suivi du processus de stérilisation était rigoureusement surveillé. L’ensemble des professionnels s’engagent néanmoins à changer leur méthode de stérilisation.

Les biberons vont être remplacés

Ces biberons ne seront donc plus utilisés pour nourrir les nouveaux nés en bonne santé. Ils vont rapidement être remplacés par des biberons dits "biologiquement sans risques". Mais, pour les bébés prématurés ou malades, ce processus de stérilisation est conservé, car il est le seul à garantir la destruction totale de tous les germes.

Les hôpitaux et cliniques vont devoir rapidement se procurer ces nouveaux biberons. A l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), on assure que des solutions alternatives sont déjà recherchées. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a voulu se montrer rassurante pour les parents inquiets : la durée d’exposition des bébés qui ont pu être en contact avec les biberons ou tétines incriminés est trop brève pour qu’il y ait le moindre risque pour leur santé (cinq à six jours après l’accouchement).

D'un point de vue juridique, l’utilisation du gaz ne peut pas être considérée comme tout à fait illégale. Aucune directive ou norme européenne ou française n’interdit vraiment l’usage de l’oxyde d’éthylène pour ce matériel, classé comme matériel médical dans certains cas, matériel alimentaire dans d'autres. En réalité, aucune n’autorisation n’a jamais été demandée. Les conclusions de l’enquête doivent être rendues avant la fin de l’année.

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