Un congé menstruel inédit adopté en Espagne

Les députés espagnols ont voté une loi créant un "congé menstruel" pour les femmes ayant des règles incapacitantes. Cette loi s’inscrit dans un projet plus large visant notamment à renforcer l’accès à l’avortement.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le
L'arrêt de travail d'une femme en cas de règles incapacitantes liées, par exemple à l'endométriose sera reconnu comme une incapacité temporaire de travail
L'arrêt de travail d'une femme en cas de règles incapacitantes liées, par exemple à l'endométriose sera reconnu comme une incapacité temporaire de travail  —  Shutterstock

Un jour historique pour le droit des femmes. En Espagne, les députés ont voté définitivement jeudi 16 février une loi créant un "congé menstruel" pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Cette mesure, inédite en Europe, est destinée selon le gouvernement espagnol, à briser un tabou. 

Premier pays en Europe

"C'est un jour historique pour les avancées féministes", a lancé sur Twitter la ministre de l'Egalité Irene Montero, membre de la formation de gauche radicale Podemos, alliée des socialistes au sein de l'exécutif.   

Adopté par 185 voix favorables, 154 contre et 3 abstentions, ce texte fait de l'Espagne le premier pays en Europe et l'un des rares dans le monde à intégrer cette mesure dans sa législation, à l'instar notamment du Japon, de l'Indonésie ou de la Zambie. 

Grâce à cette loi, "l'arrêt de travail d'une femme en cas de règles incapacitantes" liées notamment"à des pathologies comme l'endométriose" sera "reconnu comme une situation spéciale d'incapacité temporaire" de travail. "Il s'agit d'accorder à cette situation pathologique une régulation adaptée afin d'éliminer tout biais négatif" pour les femmes "dans le monde du travail", précise le texte.

La loi ne précise pas la durée de cet arrêt maladie. Celui-ci devra être accordé par un médecin et sera pris en charge par la Sécurité sociale.

Une loi plus large sur le droit des femmes

Ce "congé menstruel" est l'une des mesures phares d'un projet de loi beaucoup plus large visant à renforcer l'accès à l'avortement dans les hôpitaux publics, qui pratiquent moins de 15% des IVG dans le pays, en raison notamment d'une objection de conscience massive des médecins. À cause de cette situation, et aussi de l'absence de clinique spécialisée à proximité, des femmes doivent parfois parcourir des centaines de kilomètres pour pouvoir avorter.

De plus, cette loi va également permettre aux mineures d'avorter sans l'autorisation de leurs parents à 16 et 17 ans en revenant sur une obligation instaurée en 2015 par un gouvernement conservateur.   

À lire aussi : Depuis quand l'endométriose est-elle considérée comme une maladie ?

Un pays référence en matière de droits des femmes

La loi prévoit aussi un renforcement de l'éducation sexuelle dans les écoles, ainsi que la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d'hygiène menstruelle dans les lycées.      

L'Espagne est un pays considéré comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, notamment depuis l'adoption en 2004 d'une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sanchez compte d'ailleurs plus de femmes que d'hommes.    

Faut-il instaurer un congé menstruel ?  —  Le Mag de la Santé