Un cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle pour la première fois

Une ancienne infirmière vient de faire reconnaître son cancer du sein comme maladie professionnelle. En cause : les horaires de nuit. Cette décision pourrait faire jurisprudence.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
Rédigé le
Pour la première fois, le cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle
Pour la première fois, le cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle  —  Le Mage de la Santé - France 5

C'est une première. Martine, une ancienne infirmière qui a aujourd'hui 61 ans, a réussi à faire reconnaître le lien entre sa maladie et son métier. En effet, "on peut affirmer qu'il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant", tranche le rapport d'un médecin expert, selon Le Parisien.

Une belle victoire pour l'infirmière, mais pas seulement. Martine "a le sentiment que toutes ces démarches pendant lesquels nous l'avons accompagnée ont permis de soutenir la cause des salariés et des femmes en particulier. Et, d'une certaine manière, la lutte contre le cancer", explique Brigitte Clément, secrétaire régionale de la CFDT-Mineurs, citée par le journal.

À lire aussi : Cancer du sein : toutes concernées !

873 nuits en 27 ans

Martine a été diagnostiquée d'un cancer du sein en 2009. S'en sont suivis une "mastectomie partielle, des séances de chimiothérapie, de radiothérapie et une hormonothérapie", rapporte le quotidien.

Or, entre 1982 et 2009, Martine a travaillé 873 nuits à l'hôpital de Sarreguemines (Moselle). Après un an d'enquête, il a été conclu que ce travail avait favorisé la maladie. En effet, selon une étude menée par l'Inserm : "le risque de cancer du sein est augmenté d’environ 30 % chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes".

Et d'ajouter : "Cette augmentation du risque était particulièrement marquée chez les femmes ayant travaillé de nuit pendant plus de 4 ans, ou chez celles dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine, impliquant des décalages de phase plus fréquents entre le rythme de jour et le rythme de nuit."

Une reconnaissance bientôt généralisée ?

Au-delà du cas particulier de Martine, cette décision pourrait faire jurisprudence. "Il faut que cela paraisse au Journal officiel", insiste François Dosso, figure syndicale. D'autant plus que d'autres dossiers similaires sont apparus à Marseille et à Metz, selon Le Parisien.

L'avocat de Martine, Me Macouillard, exhorte qu'"avec cet arrêt, c'est l'ensemble des préjudices personnels qui doit être indemnisé par l'administration, même en l'absence de faute de celle-ci, en cas d'accident ou de maladie imputable au service".