Comment retrouver une vie sexuelle épanouie pendant ou après un cancer ?

Comment retrouver du plaisir et de l'intimité après avoir été diagnostiqué ou traité d'un cancer ? Qu’il s’agisse d’une perte de libido, de douleurs pendant les rapports ou de difficultés à atteindre l’orgasme, les effets secondaires des traitements et de la maladie peuvent profondément affecter la vie intime des patients. 

Pourtant, la sexualité ne disparaît pas immédiatement avec le diagnostic de cancer. Au contraire, elle évolue, se transforme et peut toujours s’exprimer, parfois différemment, selon les personnes. Le Docteur Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue et thérapeute de couple, répond aux questions les plus fréquentes des patients concernés.

Comment réduire les effets de l'hormonothérapie sur la vie intime ?

Le Tamoxifène est un traitement hormonal prescrit après certains cancers du sein. Il s'agit d'une hormonothérapie qui bloque les récepteurs aux œstrogènes. Il prive alors les cellules cancéreuses de cette hormone pour les empêcher de se développer. Mais ce blocage a aussi des effets ailleurs dans le corps. La prise de Tamoxifène provoque des effets secondaires d'ordre sexuel chez 40 à 50 % des femmes : douleurs pendant les rapports, sécheresse vaginale, ou encore baisse de libido.

Ces symptômes s'expliquent par le blocage des œstrogènes, essentiels à la lubrification et à l'élasticité des muqueuses. Plusieurs solutions permettent d'atténuer ces désagréments. Les hydratants vaginaux, sont des gels à appliquer deux à trois fois par semaine pour réhydrater la muqueuse vaginale. Certains sont enrichis en acide hyaluronique, aloé vera ou probiotiques. Ils coûtent entre 10 et 13 euros, sont disponibles sans ordonnance, mais ne sont pas remboursés. 

Pendant les rapports, n’hésitez pas à utiliser différents types de lubrifiants pour trouver celui qui vous convient le mieux. Si vous sentez une baisse de sensibilité au niveau de la vulve ou du clitoris, des stimulants sensoriels, comme des gels, améliorent les sensations. Ils s’appliquent pendant les rapports et sont aussi disponibles sans ordonnance. Comptez entre 15 et 30 euros, non remboursés par la Sécurité sociale, pour chaque tube de gel.

Je ne jouis plus depuis ma prostatectomie, est-ce normal ?

Au cours de l'ablation de la prostate (ou prostatectomie), les nerfs qui entourent cette glande et commandent l'érection peuvent être préservés. Les érections peuvent donc tout à fait revenir suite à l'opération. Mais comme la prostate produit le liquide du sperme, il est tout à fait normal que les éjaculations disparaissent également ! 

Mais cela ne signifie pas que l'on ne peut plus jouir du tout. Les personnes concernées peuvent avoir des orgasmes sans éjaculer, ce que l'on appelle avoir une "jouissance sèche". Les sensations orgasmiques viennent alors de différents éléments dont les contractions des muscles autour de la prostate et à la base du pénis. 

Une rééducation du périnée permet alors de tonifier ces muscles clés et de retrouver de bonnes sensations. Une activité physique régulière améliore aussi la circulation sanguine et le fonctionnement neurologique, ce qui est favorable à la jouissance. Enfin, il est aussi possible d'amplifier le plaisir en exerçant une pression entre les testicules et l'anus. 

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Ma libido est en berne depuis la rémission de mon cancer : quelles sont les solutions ?

Quand la sexualité a été mise en pause pendant des mois (voire des années), il est normal que le désir ne revienne pas comme par magie. Chacun réagit différemment aux conséquences d'un cancer ou d'un traitement lourd. Certains voient leur libido augmenter, comme s'il s'agissait d'une affirmation de vie. Certains autres n’ont plus du tout la tête à la sexualité. Une fois la tempête passée, beaucoup de personnes disent que la libido reste absente.

Souvent, ce n’est pas tant la libido qui a disparu, mais plutôt les habitudes qui la faisaient naître : les moments de séduction, les baisers un peu plus longs, les caresses, les câlins... La clé pour faire face à ces blocages ? Essayez de reconstruire progressivement l'intimité, sans pression. Commencez par des rendez-vous amoureux non sexuels : massages, caresses prolongées, moments de tendresse... L'objectif est de retrouver le plaisir du contact physique, sans crainte de la performance. Si ces blocages persistent ou vous font souffrir, n’hésitez pas à consulter un sexologue ou un autre professionnel de santé, qui pourront vous offrir une aide personnalisée.