Cancer : des ateliers de cuisine pour éviter la dénutrition

En France, près de 40% des malades du cancer souffrent de dénutrition.  A Beauvais, un programme de recherche est spécialement dédié à cette problématique avec un atelier de cuisine adapté aux personnes dénutries.

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Caroline Henry est atteinte d’un cancer des ovaires, elle s’apprête à suivre un cours de cuisine personnalisé. 

Des ateliers culinaires personnalisés

Comme beaucoup de malades, Caroline souffre de dénutrition. Aujourd’hui, grâce à un chercheur en alimentation, elle apprend à cuisiner des recettes adaptées à ses besoins.  Au menu du jour : un plat complet, avec une porée blanche pour commencer. Une vieille recette, riche en vitamines.  

"L’intérêt d’avoir choisi ces blettes, c’est qu’elles sont riches en vitamine B6 et en vitamine D qui vont favoriser l’entrée des protéines dans les muscles, et, de ce fait, vont surseoir la fatigue éprouvée dans les périodes de dénutrition", explique Philippe Pouillart, enseignant-chercheur en alimentation et santé, à l'institut polytechnique UniLaSalle (60).

Caroline a subi la dénutrition de plein fouet suite à sa première chimiothérapie en avril dernier, elle perd 4 kilos en 1 semaine. S'alimenter devient alors une épreuve et en 7 mois, elle a perdu au total une dizaine de kilos.   

Manque d'appétit, nausées, vomissements

"Tout au début de la chimiothérapie, on est quasiment incapable de manger. On n’a pas faim, on a des nausées. Pour moi, c’était des nausées, des odeurs fortes assez fortes et pas agréables. Je n’ai quasiment pas mangé pendant 4 jours. On se sent fatigué mais c’est vrai qu’on ne sait pas forcément à quoi c’est lié. Moi, je l’ai plus lié au traitement de la chimio mais c’est vrai que c’est de la fatigue, je le sentais au niveau de la motricité", commente Caroline Henry, 44 ans.

Elle prépare la sauce dans une casserole avec du lait et un ingrédient secret, la poudre d’amandes.  

"Mettre de la poudre d’amande pour que ça soit plus riche en protéines, par exemple, ça, je ne le savais pas du tout. Moi j’aurais plus mis de la crème, éventuellement avec de la farine", précise Caroline. 

Retrouver le goût et le plaisir de manger

La deuxième étape, est le sauté de dinde aux courgettes, agrémenté de raisins secs. Une dose de sucre va renforcer le métabolisme des protéines et aider à combattre la fatigue chez le patient dénutri.   

Avec des produits simples, Philippe Pouillart livre ses astuces. Des recettes qui doivent être facilement reproductibles à la maison.  

"Tout notre jeu, notre rôle est que dans les ateliers, nous fassions passer ces messages de plaisir aux malades. Parce que se nourrir, c’est parfait mais il faut le faire aussi avec envie. On peut ne pas aimer cuisiner, habituellement, à la maison, mais comment retrouver les ressorts pour pouvoir se mettre à cuisiner avec la famille, avec son enfant, avec son époux. C’est notre rôle de pouvoir les conseiller d’une manière pragmatique, à coûts maîtrisés, et qui permettent à cette famille d’être autonome", conclut Philippe Pouillart.

L’objectif de Philippe Pouillart et son équipe est de ramener les patients aux fourneaux et de limiter les effets indésirables liés au traitement.