Bientôt la fin des examens gynécologiques systématiques ?

L’examen pelvien est souvent inutile et ne doit pas être systématique, reconnaît le Collège national des gynécologues. Cet avis survient au moment où les accusations de violences envers les praticiens se multiplient.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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"Même si un examen pelvien est recommandé, il n'est que proposé à la femme, qui l'accepte ou non"
"Même si un examen pelvien est recommandé, il n'est que proposé à la femme, qui l'accepte ou non"  —  Shutterstock

La consultation gynécologique "nécessite une écoute, une attitude, un dialogue et un examen physique dans un esprit de bienveillance et de respect mutuel". C'est ce que notait en octobre 2021 le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) dans sa charte des bonnes pratiques gynécologiques. Plus d'un an plus tard, l'institution consolide sa position et affirme que l'examen pelvien, notamment en gynécologie obstétrique, est souvent inutile et ne doit pas être systématique.     

"Même si un examen pelvien est recommandé, il n'est que proposé à la femme, qui l'accepte ou non", a par ailleurs insisté en conférence de presse Xavier Deffieux, gynécologue, qui a participé à l'élaboration des directives du CNGOF.

Pas de bienfaits reconnus

Les examens pelviens - sous spéculum ou par toucher vaginal - de même que les échographies endovaginales, sont actuellement recommandés dans un certain nombre de cas à des fins de détection et de prévention. Pourtant, leur usage n'apporte pas systématiquement de bienfaits reconnus, a admis mercredi 25 janvier le CNGOF lors d'une conférence de presse à laquelle l'AFP a participé, à quelques jours de son congrès annuel.

À titre d'exemple, chez une femme enceinte sans symptôme et sans antécédent d'accouchement prématuré, la mesure systématique de la longueur cervicale par échographie endovaginale n'est pas conseillée car cet examen n'est pas associé à une diminution de la prématurité, précise le collège. De plus, le recours mécanique au toucher vaginal lors des consultations de suivi n'est également pas préconisé car il ne diminue pas les complications de la grossesse.         

Questionner l'existence de violences

Mais l'avis ne s'arrête pas là. Le collège suggère également de questionner les patientes sur l'existence de violences actuelles ou passées, y compris dans le cadre de la consultation ou du suivi gynécologique ou obstétrical. En effet, l'examen pelvien est "moins bien vécu (anxiété, inconfort, douleurs, gêne, honte) chez les femmes ayant des antécédents de violence que chez les femmes n'en présentant pas".    

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Restaurer la confiance

Derrière ces recommandations se cache la volonté du CNGOF de restaurer la confiance des patientes, après la multiplication des accusations de violences envers plusieurs praticiens. Et en Europe, des groupes de défense des droits affirment que les femmes se voient régulièrement refuser le consentement éclairé et sont soumises à des comportements grossiers et dégradants par le personnel médical et, dans certains cas, à des pratiques dangereuses.   

En réponse aux différentes accusations, le CNGOF répond : "un examen gynécologique peut être mal ressenti, peut manquer de bienveillance, mais il ne peut pas être assimilé à un viol, faute de quoi les gynécologues (déjà trop peu nombreux dans les salles de naissance) deviendront encore de plus en plus rares, tant la profession ressent mal cette assimilation".

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