Étiquetage nutritionnel : le test ne fait pas recette
Le Collège de la Médecine Générale a dénoncé la "méthode discutable" du test d'étiquetage nutritionnel mené actuellement dans 40 supermarchés français, tandis que l'ONG Foodwatch a lancé une pétition demandant son arrêt.
Dans un communiqué, le Collège de la Médecine Générale juge que le test d'étiquetage nutritionnel mené actuellement dans 40 supermarchés français ne répond pas aux critères de la recherche scientifique, puisque l'étude est pour moitié "financée par les industriels". L'association Foodwatch dénonce pour sa part une "mascarade".
Le système Nutriscore largement plébiscité
L'expérimentation lancée fin septembre n'est qu'un "prétexte" pour "enterrer" l'un des systèmes, le Nutriscore ou 5 couleurs (5C), pourtant élaboré par une équipe de l'Inserm et recommandé par le Haut Conseil de la santé publique, poursuit le communiqué.
Au nom de "la santé des citoyens", le CMG demande que le logo Nutriscore, "compréhensible par tous", "soit appliqué immédiatement". "Ce serait une première approche pour améliorer la qualité des produits alimentaires proposés au grand public", ajoute-t-il. Le logo Nutriscore calcule le "score nutritionnel" de chaque aliment en donnant des points positifs pour les éléments bons pour la santé (fibres, vitamines, etc.) et des points négatifs pour les facteurs de risque (sel, graisses, sucres). Cela se traduit ensuite par une note entre A et E et une couleur allant du vert au rouge.
Ce système est testé jusqu'à début décembre aux côtés de trois autres: Sens, proposé par les distributeurs à partir des travaux d'une équipe de l'Inra, Nutri Couleurs, basé sur le système dit "feux tricolores" en vigueur au Royaume-Uni, et Nutri Repère, proposé par les industriels.
Une pétition à l'attention de Marisol Touraine
De son côté, l'ONG Foodwatch lance une pétition adressée à la ministre de la Santé Marisol Touraine, intitulée "Logos nutritionnels: arrêtez cette mascarade". "Notre but n'est pas de soutenir le système 5C en particulier, mais de demander l'arrêt" du test comparatif jugé "entaché de conflits d'intérêts et dénué de crédibilité scientifique", a expliqué à l'AFP une porte-parole de cette ONG d'origine allemande, qui milite pour une information transparente sur la composition des produits.
Le Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS), organisme chargé de mettre en oeuvre le test, défend de son côté l'expérimentation, soulignant que le Nutriscore a été testé en magasins expérimentaux et auprès des internautes, mais pas en conditions réelles d'achat.
Il défend par ailleurs la présence des industriels et des distributeurs dans son comité de pilotage, estimant qu'ils sont concernés par la mise en place concrète du test. Il reviendra ensuite aux fabricants agroalimentaires d'accepter d'utiliser ou non le logo qui sera facultatif.