Emotions et compulsions alimentaires : pourquoi s'oriente-t-on vers des aliments riches ?
Pourquoi, malgré la culpabilité, je continue à manger toute la tablette de chocolat ou tout le paquet de gâteaux au lieu de m'arrêter ?
Les réponses avec le Dr Jean-Philippe Zermati, nutritionniste :
"On ne calme pas les émotions avec des haricots verts, des radis… On les calme uniquement avec ce type d'aliments. Or, ces aliments n'ont pas une très bonne réputation. On est tenté tout à fait naturellement de mettre sur ces aliments énormément de contrôle. Et c'est précisément ces tentatives de contrôle qui aboutissent aux pertes de contrôle. Vous allez perdre le contrôle sur ce que vous essayez de contrôler. Personne ne fait des compulsions de radis parce que personne n'essaie de contrôler sa consommation de radis. Mais ce n'est pas tout à fait juste, il existe des maladies dans lesquelles on demande aux patients de contrôler leur consommation de légumes. Dans ce cas, les personnes font des compulsions de légumes.
"Le contrôle va entraîner ou va exposer au risque de perte de contrôle. Il ne peut pas y avoir de perte de contrôle s'il n'y a pas une tentative de contrôle préalablement. On vit dans un univers où les aliments riches sont des aliments que l'on tente d'éviter. Ce sont donc des aliments sur lesquels on va mettre du contrôle. Or, ce qu'on ne sait pas suffisamment, c'est que les aliments jouent un rôle naturel, physiologique dans la régulation des émotions, exactement comme le sommeil. Le sommeil est un régulateur émotionnel. Quand on se couche fatigué, stressé, on se réveille après huit heures de sommeil et on se sent mieux. Dans les repas, il se passe exactement la même chose. Après un repas, on se sent mieux qu'au début. Cela est testé par le dosage du cortisol, les personnes sont moins stressées après leur repas, elles sont apaisées, détendues. C'est donc un régulateur naturel. Si vous vous opposez à cette régulation, vous vous exposez à des grosses complications."