Médicaments anti-Alzheimer : traitements efficaces ou placebo ?

Depuis l’été 2011, le débat est ouvert sur l’efficacité des médicaments anti-Alzheimer. La Haute Autorité de Santé (HAS) devrait rendre son avis définitif sur la question avant la fin du mois d’octobre 2011.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

- Pr. Françoise Forette, invitée sur le plateau du "Magazine de la santé" le 24 octobre 2011 - 

Quatre médicaments utilisés dans le traitement de la maladie d'Alzheimer viennent d'être déclassés, selon le quotidien La Croix. Considérés jusqu'ici comme ayant un service médical rendu (SMR) "modéré", le bénéfice apporté de ces médicaments serait désormais jugé "faible" par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Il s'agit de l'Aricept® (Eisai), le Reminyl® (Janssen-Cilag), l'Exelon® (Novartis) et l'Exiba® (Lündbeck). Ces médicaments, pris tous les jours par 300 à 400 000 malades diagnostiqués, permettent d'atténuer les manifestations cliniques de la maladie et d'améliorer les conditions de vie des patients.

Le Pr. Françoise Forette, directectrice de la Fondation nationale de gérontologie s'est étonnée des conclusions de l'HAS, lundi 24 octobre 2011, sur le plateau du "Magazine de la Santé" sur France 5 : "c'est une décision inappropriée car rien n'a changé sur l'évaluation de ces médicaments. Ils ont été mis sur le marché [il y a plusieurs années] par toutes les agences mondiales sur le fait qu'ils améliorent de façon modérée les fonctions cognitives, le comportement général du patient et les activités de la vie quotidienne" (voir la vidéo ci-dessus).

Décision inattendue du gouvernement

Cette réévaluation de la HAS pourrait déboucher sur une baisse du taux de remboursement ou même sur un déremboursement de ces médicaments. Si les patients atteints d'une affection de longue durée (ALD) resteront pris en charge à 100 %, les autres malades, dit "non ALD", pourraient, eux, voir ce remboursement passer de 65% à 15%.

Mais le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand, s'est prononcé contre ce déremboursement. En revanche, les firmes pourraient se voir imposer une baisse du prix de leurs molécules : "je baisserai le prix des différents médicaments. Ca ne changera rien pour les patients, mais par contre la Sécurité sociale payera moins cher" a ajouté le ministre dans l'émission BFMTV 2012, dimanche 23 octobre 2011.

Débat sur l'efficacité de ces médicaments

Commercialisés pour certains depuis plus de dix ans, ces médicaments anti-Alzheimer sont symptomatiques. Ils améliorent les troubles cognitifs et les troubles fonctionnels dans la vie quotidienne du patient. Mais ils n'ont pas d'effets pas sur l'évolution de la maladie car ils n'agissent pas sur les lésions présentes au niveau du cerveau.

L'efficacité de ces médicaments divise donc les spécialistes de la maladie d'Alzheimer. Mardi 20 septembre 2011, en direct dans le "Magazine de la santé" sur France 5, Olivier Saint-Jean, chef de service gériatrie à l'hôpital européen Georges-Pompidou s'est clairement prononcé sur le sujet : "je suis un fervent artisan de ce déremboursement car ces médicaments ne servent à rien et ils sont loin d'être dépourvus de dangerosité. Depuis vingt ans des milliers de malades ont été inclus dans des essais thérapeutiques et aucun changement clinique pertinent n'a été observé chez eux".

Le lendemain, le 21 septembre 2011, Marie Sarazin, neurologue à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière répliquait : "les traitements sont efficaces, toutes les études l'ont démontré. Mais Alzheimer est une maladie neurodégénérative, les médicaments agissent sur une partie des mécanismes, pas sur la totalité. Ils ne guérissent pas, mais interviennent sur certains symptômes avec un effet modeste, pour certains patients un peu plus que d'autres".

En France près d'un million de Français sont touchés par la maladie d'Alzheimer et le nombre de cas recensés ne cesse d'augmenter.

En 2009 l'Assurance-maladie a remboursé 189 millions d'euros pour la prise en charge médicamenteuse de cette maladie.

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