Vody : les dangers de cette nouvelle boisson alcoolisée

C'est devenu LA boisson qui fait fureur dans les soirées, en particulier chez les plus jeunes : la Vody. Une tendance qui inquiète au vu de la composition plus que douteuse de la boisson...

Abderrahim Bittame
Abderrahim Bittame
Rédigé le
Drogues, alcool : les bons réflexes à adopter en cas d'addiction
Allo Docteurs - Newen Digital

Vous n'avez jamais entendu parler de la Vody ? C'est pourtant depuis quelques mois un phénomène chez les 18-25 ans... voire chez les mineurs ! La raison de ce succès ? Une boisson à base de vodka, peu coûteuse et concentrée en alcool, permettant une montée en ivresse très rapide.

Un concentré d'alcool, de sucre et de caféine

Lorsque l'on se penche sur la composition de la Vody, c'est la teneur en alcool de la boisson qui alerte en premier : entre 18 et 22 % selon la gamme de produit. "C'est une quantité correspondante à quatre unités standards (une unité = 10g d'alcool pur), ce qui revient à quatre shots de vodka pour une canette de 25cl !" s'indigne Mickael Naassila, président de la Société Française d'Alcoologie (SFA).

Mais pour masquer le goût de cette dose conséquente d'alcool, les fabricants y mélangent une quantité importante de sucre. En effet, avec 22,5g de sucre pour une cannette, la Vody frôle la teneur en glucides du Coca-Cola. Et comme si cela ne suffisait pas, la caféine est elle aussi de la partie, et sa quantité n'est même pas précisée dans la liste des ingrédients ! Or le mélange alcool/caféine peut être dangereux : la caféine fait augmenter la pression artérielle, pouvant conduire à de la tachycardie. Et chez des personnes prédisposées, l’alcool a tendance à potentialiser les troubles du rythme cardiaque induits par la caféine, selon l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (Anses).

"Tromperie au marketing"

Ce qui est problématique, c'est aussi le packaging même de la Vody qui, de prime abord, passe pour une boisson énergisante et inoffensive. Un point qui inquiète particulièrement Mickael Naassila : "Il y a une tromperie au marketing, elle est vendue comme une boisson énergisante alors que ce n'en est pas une. Avec ce taux d'alcool, c'est un spiritueux. Nous sommes face à un problème de santé publique".

Cette tromperie est facilement visible sur les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et qui font la promotion de la Vody, comme dans cet exemple : 

Ce marketing trompeur, associé à une boisson très sucrée, incite les consommateurs à boire beaucoup plus que ce qu'ils ne croient. Et cela pousserait les plus jeunes à des modes de consommation à risque tel que le binge drinking (le fait de boire une grande quantité d'alcool sur une période de temps réduite). "En buvant beaucoup plus qu'on ne le pense, il y a un risque d'intoxication éthylique, ce qui peut conduire à un coma" alerte l'expert.

De plus, les conséquences ne se limitent pas à des effets sur le court-terme. En effet une étude publiée dans la revue BMJ Open en 2019 a montré qu'un binge drinking fréquent entre 18 et 25 ans multiplie par trois le risque d'alcoolisme entre 25 et 45 ans. Une donnée inquiétante lorsqu'on sait que les moins de 25 ans sont les plus propices à boire de la Vody, et souvent plusieurs cannettes au cours d'une même soirée.

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Vers une interdiction de la Vody ?

Coté législatif, la Vody pourrait connaître très prochainement une nouvelle taxation. En effet, il existe déjà une taxe sur les boisson dite "prémix", c'est-à-dire celles qui associent alcool et composés sucrés ou aromatisés, mais la boisson ne rentre pas dans le cadre de cette loi. Car l'article 1613 bis du code général des impôts limite cette taxe aux boissons qui présentent un taux de moins de 12% d'alcool. Pour y remédier, un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026 prévoit d'élargir cette taxation aux boissons plus fortement alcoolisés.

Certains demandent même l'interdiction pure et dure de la Vody sur le territoire. Une mesure déjà prise par d'autres pays comme la Côte d'Ivoire qui l'a interdite en 2023, à cause des ravages qu'elle causait chez les jeunes. En France, l'ancien Ministre de la santé Yannick Neuder avait évoqué cette possibilité en mai 2025. Pour l'heure, une enquête à été lancée par la Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) en partenariat avec l'Allemagne, pays d'origine de la boisson.