Urgences saturées : "Il ne faut pas s'étonner du découragement des soignants"

Comment faire face à l’afflux de patients quand les bras manquent ? La question se pose tous les jours dans les services des urgences des hôpitaux français. Immersion dans l'un d'entre eux, au CHU de Saint-Etienne.

Noé Poitevin
Rédigé le , mis à jour le
Les urgences au coeur de la tourmente
Les urgences au coeur de la tourmente  —  Le Mag de la Santé - France 5

Une femme de 75 ans vient d’être admise aux urgences de Saint-Etienne. Sa prise en charge est prioritaire, elle est désorientée."Son médecin traitant nous l’adresse pour une suspicion d’AVC, l’accident vasculaire cérébral. Les AVC, c’est tous les jours, tout le temps, pour une prise en charge immédiate", explique Magali, infirmière au CHU Saint-Etienne.

Les brancards s'entassent dans les couloirs

Même problème pour cette patiente de 85 ans : elle ne réagit plus aux sollicitations de l’infirmier. Les soignants font de leur mieux, mais les brancards s’entassent dans le couloir. L’hiver, les patients âgés viennent majoritairement pour des virus respiratoires comme le covid ou la grippeÀ partir du moment où ils atteignent des patients âgés, fragilisés, on va avoir plus d'hospitalisations" explique le Pr Alain Viallon, chef du service des urgences au CHU Saint-Etienne

Ce jour-là, la moitié des patients a plus de 75 ans.""On sait que la station sur un brancard chez les personnes âgées est délétère. Il vaudrait mieux que ces patients soient mis directement en hospitalisation. Mais pour ce faire, il faut que les lits soient libres, et les lits sont occupés à l'hôpital", regrette-t-il.

5 heures d'attente en moyenne

La conséquence inévitable pour tous les malades est que le délai d’attente s’allonge. Il faut prendre son mal en patience, car la durée moyenne d’attente est de 5 heures.

Et après 19 heures et le week-end, le délai s'allonge car les urgences pâtissent directement du manque de médecins généralistes pour assurer la permanence des soins. C’est ce que dénonce le chef du service."Sur cette période, nous n’avons plus que des maisons médicales de garde, et encore pas partout. La première modalité de recours pour les gens, ce sont les urgences" détaille le Pr Viallon.

Perte de sens et découragement

"Le phénomène n’est pas nouveau donc il ne faut pas s’étonner de la perte de sens des professionnels par rapport à leur métier et du découragement de ces derniers qui ne croient plus aux différentes promesses qui sont faites", commente-t-il encore.

Face à la saturation des services d’urgence, l’agence régionale de santé appelle les malades à ne pas se déplacer directement à l’hôpital : ils doivent d’abord contacter leur médecin traitant ou joindre le 15.