La vulve, cette mal-aimée…

BLOG – Un projet photo publié sur un site anglophone donne l'occasion à notre médecin journaliste, Charlotte Tourmente, de vous reparler de la vulve, de son aspect souvent mal-aimé et de la chirurgie esthétique des lèvres.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
La vulve, cette mal-aimée…

Article initialement publié sur le blog du Dr Charlotte Tourmente.

Trois femmes ont accepté de participer à un projet atypique : un photographe a immortalisé leur vulve, une zone du corps encore taboue et souvent mal-aimée. La photo a ensuite été montrée aux femmes ; leurs réactions émouvantes témoignent de leur méconnaissance de cette partie du corps et de leurs difficultés à l'accepter telle qu'elle est. L'hommage très touchant de leurs partenaires les aidera sans nul doute à le faire. La vidéo ci-dessous, en anglais, peut inciter les femmes à changer leur vision de la partie externe du sexe féminin. Elle est composée des nymphes (les petites et grandes lèvres), du clitoris et de l'entrée du vagin.

Cette vulve qui dérange

Rares sont les femmes qui aiment leur vulve et qui sont à l'aise avec leur sexe. L'essor du porno, qui présente surtout des vulves épilées et où rien ne dépasse (les petites lèvres sont cachées par les grandes lèvres) participerait à véhiculer une image de la vulve soi-disant parfaite.  Les magazines féminins retouchent parfois les photos au niveau du sexe et même Barbie présente une vulve une petite fille… En d'autres termes, la vulve idéale serait une vulve invisible !

Ce sont notamment les lèvres qui sont l'objet du mal-être féminin. La nympholastie, en d'autres termes la chirurgie esthétique des lèvres, est en hausse et elle est avant toute effectuée pour des raisons esthétiques. Parfois, le mont de Vénus (la zone de peau en avant du pubis, recouverte de poils) ne convient pas sur le plan esthétique. Une liposuccion retirera un excès de graisse ; le lifting corrigera son affaissement avec l'âge ; une injection de graisse lui donnera un aspect plus bombé et plus jeune. Et bien sûr, l'épilation intégrale supprimera les poils, jugés disgracieux, qui sont pourtant l'un des témoins de l'accès à l'âge adulte…

Oui à la diversité !

Or les vulves sont différentes d'une femme à l'autre, tout comme les pénis ne sont pas parfaitement identiques d'un homme à l'autre ! Il est tout à fait normal que les petites lèvres dépassent, que l'une soit plus longue que l'autre (tout comme un testicule est souvent plus bas que l'autre. Le corps est très souvent asymétrique et cela n'a rien d'anormal. De plus en plus de femmes se rebellent contre une vision uniformisée, avec des projets faisant honneur aux vulves réalistes, comme 101 vaginas.

Au-delà de leur aspect de pétales de fleur, les lèvres ont d'autres avantages : certaines femmes pour accéder à l'orgasme caressent leurs lèvres, entre les stimulations du clitoris, telle une pause érotique salutaire avant d'accéder au sommet du plaisir. De plus, elles attirent les hommes, qui aiment les lèvres de bonne taille, qui enveloppent le pénis, le cajolent et l'entourent voluptueusement. Alors, aimons ces nymphes au nom de divinités féminines, qui participent au plaisir sexuel…

La chirurgie en dernier recours

Bien sûr, s'il y a un véritable complexe, à l'origine d'une souffrance, une asymétrie importante, une gêne conséquente, la chirurgie esthétique est justifiée. Loin de moi l'idée de diaboliser la labioplastie et de culpabiliser les femmes qui y ont recours. Mais comme dans les chirurgies esthétiques, elle reste lourde et les attentes ne sont pas forcément exaucées, a fortiori lorsqu'elles sont très importantes. Et si une thérapie peut résoudre un complexe minime, autant la tester avant : elle est moins invasive et coûteuse.

Une information complète et honnête, pas seulement restreinte aux images véhiculées par le X et les photos retouchées des mannequins, semble indispensable avant de prendre ou pas la décision de se faire opérer.

Charlotte Tourmente