La sexualité en 9 lettres : X pour X...

Avec les plateformes comme youporn sur Internet, le monde du X s'est profondément modifiée depuis 10 ans. Avec des dérives effrayantes, pour les mineurs comme pour les actrices...

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
La sexualité en 9 lettres : X pour X...
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Pour Grégory Dorcel, directeur général de Marc Dorcel, société de production de films pornographiques, les producteurs classiques produisent un contenu qui correspond à la société en termes de goût et d'acceptation, tout simplement pour en faire commerce et gagner de l'argent. "Les consommateurs (NDLR : de ce type de X) consomment des choses tout à fait acceptables ! s'exclame-t-il. Il y a peu d'attrait pour les choses déviantes, voire illégales !"  

"Mais il y a depuis 10 ans un changement : les "tubes" (ou plate-formes) tels que youporn, pornhub, Xhamster,… donnent librement accès à n'importe qui, à des milliers de contenus de porno, explique Grégory Dorcel. La nouveauté, c'est que c'est gratuit et ce contenu sort du cahier des charges et des lignes éditoriales que ceux faisant commerce du X ont l'habitude de pratiquer." Résultat, un contenu porno accessible à tous et beaucoup plus déviant qu'avant...

Des dérives effrayantes

Certaines actrices, comme Anne Polina, actrice et réalisatrice, apprécient leur métier :  "C'est un métier particulier, il faut accepter certaines pratiques mais moi je me suis bien amusée et j'ai correctement gagné ma vie."

D'autres dénoncent une modification très alarmante du contenu des films, avec l'avènement des plateformes, à l'instar d'Ovidie, dans l'édifiant et glaçant Pornocratie. Elle y montre une escalade de pratiques de plus en plus extrêmes. Selon elle, le porno est le reflet exacerbé de ce qui se passe dans la société, qui est sexiste et où la violence faite aux femmes existe aussi.

"Les possesseurs des plates-formes de streaming gratuit bafouent le droit à l'image, rechigent à faire retirer des vidéos de revenge porn, exposent les mineurs à des images inapproriés, et ont surtout paupérisé tout un secteur… s'exclame Ovidie. C'est la porte ouverte au n'importe quoi !"

L'ubérisation de l'industrie porno pousse les actrices à accepter des tarifs ridicules ou des conditions sanitaires contestables de peur de passer à côté d'un contrat. La plupart ne réclament même plus le préservatif et il est arrivé que des tests soient falsifiés, comme en 2012 lorsqu'une épidémie de syphillis a frappé plusieurs centaines de performeurs en Europe et aux Etats-Unis.  "Mais je constate que depuis #MeToo et grâce à la présence des actrices sur Twitter, les choses commencent très doucement à évoluer et on voit émerger de nouvelles revendications", commente Ovidie.

Les enfants, les victimes d'Internet…

Autre conséquence dramatique, avec Internet, les mineurs ont accès facilement aux images et films pornographiques : "Il est inacceptable pour nous que le X soit diffusé à des mineurs ! dénonce Grégory Dorcel. La porno est de la fiction, mais en l'absence d'apprentissage ou d'enseignement, les mineurs prennent l'image de la fiction pour la réalité. Il est évident qu'il est irresponsable et dangereux de laisser l'enfant se construire avec ces images."

Les pouvoirs publics ne semblent pas entendre les alertes des associations de protection de l'enfance, à qui se sont associées les sociétés de X. Pour Grégory Dorcel, il est enfantin de bloquer la cinquantaine de plates-formes qui représentent 99% du trafic pornographique. "Nous avons un code pénal : l'article L-227-24 punit de 3 ans d'emprisonnement et de 80000 € d'amendes en cas de diffusion d'un contenu X aux mineurs, reprend-il mais ce n'est applicable qu'aux sociétés établies en France et les 2 acteurs majeurs sont hébergés dans les paradis fiscaux. Le dispositif pénal n'est donc pas applicable. Le seul moyen est de bloquer la diffusion en France." Et pourtant, personne ne bouge, de façon incompréhensible et dramatique…

Des mesures de protection

Le 9 juin 2020, le Sénat a voté à l'unanimité un amendement prévoyant le blocage des sites qui diffuseraient des contenus pornographiques sans vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Ceux-ci devront justifier de leur âge soit par une carte de paiement, soit par l'identification via Franceconnect. En cas de manquement à cette obligation, le CSA mettra en demeure la plate-forme qui sera bloquée et déréférencée si elle ne se met pas en conformité.

Les parents de leur côté peuvent prendre des mesures pour protéger leurs enfants, comme activer le contrôle parental et Safe search sur ordinateur ou une application de filtrage sur smartphone, et bloquer les publicités.  

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