Pénuries de médicaments : l'UFC-Que Choisir réclame des mesures fortes

Les pénuries et tensions d’approvisionnements de médicaments se multiplient mais les réponses des laboratoires restent insuffisantes selon l’UFC-Que Choisir. L'association appelle à des sanctions et à la constitution de stocks.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / i viewfinder

Jusqu’à six fois plus de ruptures de stock de médicaments en 2020 qu’il y a quatre ans. C’est le constat inquiétant qui pousse l’UFC-Que Choisir à alerter sur les pénuries et tensions d'approvisionnement des médicaments. De 405 pénuries en 2016, l’UFC-Que Choisir en compte en effet 1.200 en 2019 (trois fois plus) et probablement 2.400 en 2020 (six fois plus).

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Un risque pour le pronostic vital des patients

Une situation d'autant plus alarmante que ces pénuries concernent des médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), "pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients" note l’association de consommateurs dans un communiqué publié le 9 novembre.

Elle souligne par ailleurs que ces pénuries ne touchent que rarement les molécules récentes les plus onéreuses. Ainsi, sur la liste des 140 médicaments signalés en rupture de stock et en tension d'approvisionnement par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) au 15 juillet 2020, les médicaments indisponibles sont prioritairement des produits anciens (75% sont commercialisés depuis plus de 20 ans) et peu coûteux (les trois quarts coûtent moins de 25 euros).

Des solutions insuffisantes

Problème, selon l’UFC-Que Choisir : les laboratoires pharmaceutiques apportent des solutions "rarement à la hauteur des enjeux sanitaires". Ainsi, dans 30% des situations, les industriels renvoient vers un autre médicament, alors que "les substitutions peuvent entraîner des effets secondaires plus importants, ou nécessiter un temps d’adaptation à la nouvelle posologie, particulièrement pour les patients âgés", selon l’association.

Pire, dans 12% des cas, les producteurs orientent "vers des solutions de derniers recours", comme la diminution de la posologie. Enfin, dans près d'un cas sur cinq (18%), les laboratoires "ne proposent tout simplement aucune solution de substitution".

Des stocks et une production publique

Que faire alors pour limiter ces pénuries ? Du côté des pouvoirs publics, l’UFC-Que Choisir déplore un manque de réponse, avec seulement deux sanctions prononcées par l'ANSM pour rupture de stock contre des laboratoires en 2019.

L’association préconise donc des mesures plus fortes, dont l'obligation passible de sanctions pour les laboratoires de constituer "des stocks suffisants pour répondre aux besoins des usagers du système de santé pour l'ensemble des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur".
Elle réclame par ailleurs le développement d'une production publique de médicaments, "à même d'assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires".