Que peut-on manger quand on souffre de diverticulite ?

La diverticulite touche près d'un tiers des adultes en France et nécessite une prise en charge nutritionnelle adaptée, surtout lors des crises aiguës. Les explications de la Dre Diana Kadouch, médecin nutritionniste.

Dr Diana Kadouch
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Diverticulite : que peut-on manger ?
Diverticulite : que peut-on manger ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Avec le vieillissement de la population, un sujet touche de plus en plus de Français : la diverticulite. Il s'agit d'un trouble intestinal dont souffrent 20 à 35 % des adultes en France, en particulier après 80 ans. Le plus souvent, la diverticulite est découverte par hasard lors d’une coloscopie. Pour limiter ses symptômes, ce trouble impose une vigilance alimentaire spécifique, surtout lors des poussées inflammatoires.

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Qu'est-ce que la diverticulite ?

La diverticulose correspond à la formation de petites poches, appelées diverticules, qui se développent sur la paroi du côlon, le plus souvent dans sa portion gauche : le côlon sigmoïde. Ces poches se forment lorsque la pression à l’intérieur de l’intestin pousse la muqueuse à travers des zones de faiblesse de la couche musculaire du côlon. Un phénomène favorisé par le vieillissement et la perte de tonicité de la paroi intestinale.  

Parfois, l’un de ces diverticules peut s’inflammer ou s’infecter : c’est ce qu’on appelle une diverticulite. Cela peut provoquer des douleurs, souvent dans le bas du ventre à gauche, de la fièvre et des troubles digestifs. Dans les formes simples, l’inflammation reste limitée. Mais dans certains cas, des complications peuvent survenir, comme un abcès, une péritonite c’est-à-dire une infection grave dans l’abdomen entier, voire un rétrécissement du côlon, aussi appelé sténose. 

Ces dernières années, on observe une augmentation du nombre de cas de diverticulite. Cela s’explique par plusieurs facteurs liés à notre mode de vie moderne. Tout d’abord, notre alimentation est de plus en plus pauvre en fibres. Par ailleurs, on ne bouge pas assez. Or, l’activité physique stimule le mouvement naturel de l’intestin et permet de lutter contre la constipation. Quand on est constipé, la pression à l’intérieur du côlon augmente. C’est cette pression répétée qui peut entraîner la formation des diverticules.

Comment adapter son alimentation en cas de diverticulite ?

Lors d’une poussée aiguë de diverticulite, l’objectif est de mettre le système digestif au repos pour limiter l’irritation du côlon. On commence donc par une alimentation très douce "sans résidus", c’est-à-dire sans fibres alimentaires, afin de réduire le volume des selles et éviter toute stimulation du côlon inflammé. Concrètement, cela signifie qu'il est nécessaire de consommer des bouillons clairs ou des compotes de fruits bien cuites et filtrées.

Pour limiter les symptômes des poussées, les aliments simples à digérer, comme le riz blanc bien cuit, les pâtes blanches ou la semoule fine, sont donc principalement recommandés. Les légumes pauvres en fibres comme les carottes, les courgettes ou les haricots verts bien cuits et mixés ainsi que les compotes de pommes ou de poires sans peau ni pépins peuvent aussi trouver leur place dans le régime alimentaire des personnes souffrant de diverticulite. En revanche, il est nécessaire d'éviter les fruits et légumes crus, les légumineuses, les céréales complètes, ainsi que tout aliment gras, épicé ou difficile à digérer. 

L’apport en protéines reste également important lors des crises de diverticulite. Les viandes maigres, les poissons blancs vapeur et les œufs durs sont ainsi bienvenus, tant qu’ils sont cuisinés sans excès de matière grasse. Les yaourts peuvent également être consommés, à condition qu’ils soient bien tolérés. Si une intolérance au lactose est présente, mieux vaut se tourner vers des alternatives végétales enrichies en calcium.  

Quelle alimentation adopter après une crise de diverticulite ?

Lorsque les douleurs diminuent et que l’état s’améliore, il est possible de passer à une phase de réalimentation progressive. On réintroduit alors les fibres alimentaires petit à petit, afin de relancer doucement le transit sans provoquer de rechute. Les spécialistes de la nutrition recommandent également d’introduire un seul nouvel aliment à la fois, pour mieux évaluer la tolérance digestive. 

Cela commence par des légumes bien cuits et mixés en purée, que l’on introduit ensuite sous forme de petits morceaux. Viennent ensuite les fruits mûrs pelés, puis les fruits crus entiers. On peut ensuite intégrer progressivement les céréales complètes comme le riz complet ou le pain complet, et enfin les légumineuses telles que les lentilles ou les pois chiches, toujours en très petite quantité au départ. 

Enfin, ce retour à une alimentation plus riche en fibres doit toujours s’accompagner d’une hydratation adaptée. Boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour aide à prévenir la constipation et à faciliter le transit. Ces ajustements alimentaires, s’ils sont bien conduits, permettent de limiter les récidives et d’améliorer durablement la qualité de vie des personnes atteintes de diverticulite.