Le manque de sommeil altère-t-il le cerveau des adolescents ?

Des chercheurs ont observé que certaines régions du cerveau étaient moins volumineuses chez les adolescents qui dormaient moins la semaine et se couchaient tard le week-end. Les conséquences biologiques des mauvaises habitudes de sommeil pourraient persister jusqu’à l’âge adulte.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Chez les adolescents, dormir moins et se coucher tard pourrait être lié à des modifications de la taille de certaines structures cérébrales. Des chercheurs du laboratoire Inserm "Neuroimagerie et psychiatrie" de Paris ont en effet analysé les habitudes de sommeil d’adolescents de 13 à 15 ans scolarisés en classe de 4e, et les ont comparées à la morphologie de leur cerveau.

Selon les résultats de l’étude, trois régions cérébrales seraient réduites chez les plus petits dormeurs : le cortex frontal, le cortex cingulaire inférieur et le précuneus, des structures qui sont impliquées dans l’attention, la concentration et la capacité à réaliser des tâches de façon simultanée. "Il existe une relation connue entre les heures de sommeil et la performance scolaire. Nous montrons dans notre étude que cette relation s’explique à 43% par le volume de ces trois régions cérébrales", détaille le pédopsychiatre Jean-Luc Martinot, directeur de recherche à l’Inserm et co-auteur de l’étude.

Des mauvaises habitudes bien ancrées

Les habitudes de sommeil sont très variables d’un adolescent à l’autre. D’après l’étude, ces derniers se lèvent le week-end entre 7h et 13h et se couchent entre 21h30 et 3h. La semaine, en revanche, ils sont contraints de se réveiller à heure fixe afin de suivre les cours, qui commencent vers 8h. "Ce sont des mini jetlag [décalages horaires, ndlr] qui se produisent chaque semaine, alors que le cerveau est en plein développement !", déplore Jean-Luc Martinot.

"L’horloge interne se décale lors de la puberté et les adolescents se couchent par conséquent plus tard, alors qu’en parallèle, un lever précoce est imposé par l’école", explique le chercheur. Selon lui, des changements sont nécessaires à la fois au niveau des habitudes de sommeil mais aussi du côté des horaires scolaires, qui doivent s’adapter davantage au rythme des adolescents.

La plasticité cérébrale impactée ?

Les structures cérébrales ont la particularité d’être très plastiques, c’est-à-dire qu’elles peuvent s’adapter et se remodeler en fonction des stimuli extérieurs. Mais, bien que "la plasticité cérébrale se produise toute la vie, la période de l’adolescence entre 14 et 16 ans est majeure car c’est le moment où le cerveau se sculpte", explique Jean-Luc Martinot.

Par ailleurs, les chercheurs ne savent pas encore si ces structures cérébrales peuvent "retrouver un volume normal une fois à l’âge adulte. Il faut donc suivre un principe de précaution et ne pas prendre des habitudes de sommeil trop déviantes pendant la période sensible de l’adolescence."