Comment se comporter avec un proche dépressif ?

La dépression toucherait 5% de la population, selon l'OMS, et si elle est terrible à subir pour celui qui en souffre, elle n'est pas facile à vivre pour ses proches, qui le voient sombrer dans une tristesse abyssale, sans parvenir à s'en extirper. Cette maladie isole profondément et le sentiment de solitude peut être exacerbé par certains propos indélicats ou atténué par un comportement adapté, bienveillant, empreint de tact et de délicatesse. Comment agir avec une personne qui souffre de dépression ? Quels sont les mots à ne pas prononcer ? Explications.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Comment se comporter avec un proche qui souffre de dépression ?
Comment se comporter avec un proche qui souffre de dépression ?  —  ©Adam Gregor - Fotolia

Se comporter avec bienveillance et empathie…

Ecouter avec bienveillance et empathie, sans toutefois étouffer ou materner, est le b.a.ba avec un proche souffrant de dépression, qui se sent souvent seul et incompris. La patience est de mise car il n'est pas rare qu'il ressasse les mêmes angoisses, avec pessimisme, pendant quelques mois, en dépit du traitement. S'il arrive à parler de lui, s'il verbalise ses pensées tristes, il est recommandé d'écouter son mal-être sans le juger et sans même lui donner de conseils. En revanche, il faut être vigilant à ce qu'il ne se mette pas en danger ou soit violent envers lui-même et ne pas hésiter à lui conseiller de voir son médecin lorsqu'il formule des idées suicidaires, tout en entendant sa souffrance.

S'il refuse d'aller voir un psychiatre ou psychologue, pourquoi ne pas lui conseiller d'aller consulter son généraliste pour un bilan de santé ? Cette démarche sera sans doute moins angoissante qu'aller directement chez un "psy" et le médecin pourra confirmer le diagnostic et convaincre son patient de se traiter.

Il est inutile de "secouer" une personne dépressive ou de lui dire de "se bouger", la dépression est une maladie et non une faiblesse de caractère. Se le rappeler évite d'avoir des mots maladroits qui vont enfoncer le patient dans la mauvaise estime de lui qu'il a déjà. A l'inverse, il est préférable de l'encourager d'un sourire, d'apprécier les efforts qu'il fait et d'être présent, de façon positive et encourageante. Attention, une rebuffade ou une indifférence sont possibles car l'irritabilité et la nervosité sont parfois de mise… Les marques d'attention sont toujours appréciées, même si ce n'est pas formulé. Rappeler que l'on est présent et qu'on l'aime sera également source d'un grand réconfort pour le patient.

Proposer une aide concrète peut le soulager efficacement, sans être infantilisant ou condescendant, par exemple en proposant d'emmener la personne à un rendez-vous, de lui faire quelques courses en même temps que les siennes, d'aller chercher ses enfants à l'école. Participer avec lui à des activités récréatives, comme un cinéma, une promenade, et favoriser un mode de vie sain, en le partageant avec lui, avec une alimentation équilibrée, de l'activité physique, de la méditation. L'entourage doit également favoriser la prise du traitement par antidépresseur durant plusieurs mois.

Se préserver… Vivre avec quelqu'un en pleine dépression est très éprouvant, notamment lorsqu'il s'agit de son conjoint. Se rappeler que l'on n'est ni son médecin, ni son sauveur, aide à trouver la place juste, celle d'un soutien empathique. Préserver sa propre vie, continuer à voir ses amis ou à pratiquer les activités qui plaisent permettent de garder un équilibre et d'y puiser les forces nécessaires pour aider le proche dans la durée… Un soutien psychologique auprès d'un psychologue ou psychiatre est parfois indispensable pour apprendre à se protéger et bénéficier d'un soutien psychologique.

Se renseigner sur la dépression et ses traitements permet de mieux comprendre son proche, la maladie dont il souffre, et ainsi d'adapter son comportement.

Cette maladie est provoquée par des causes multiples : une anomalie biochimique au niveau des neurotransmetteurs, des évènements de vie douloureux, des facteurs génétiques, peut-être une inflammation,...

Le traitement fait appel à la thérapie et aux antidépresseurs (qui, pour rappel, ne provoquent aucune dépendance et met quelques semaines à agir).

Les phrases à ne pas dire à un dépressif

Les personnes dépressives détestent par dessus tout et à juste titre certains propos, que le site The Guardian les a recensées avec humour…

"La dépression, c'est juste être triste." C'est beaucoup plus compliqué que cela et c'est la phrase à ne pas dire (et à ne pas penser !). La dépression est une véritable maladie, il ne s'agit pas d'un coup de blues ou d'un moment de déprime. La sensation de tristesse s'apparente plutôt à un désespoir, souvent accompagné d'une fatigue intense, d'une impossibilité à ressentir du plaisir pour des activités qui auparavant en donnaient, une difficulté à prendre des décisions et à agir, des troubles de l'appétit, du sommeil ou de la sexualité.

"Pourquoi ne pas essayer de sourire ?" Eh bien, tout simplement parce que cela demande un effort surhumain à une personne dépressive. Elle en est tout simplement incapable : autant demander à un chien de miauler ou un chat d'aboyer !

"La dépression, c'est dans la tête..." Oui et non. La dépression est en effet liée à un désordre biochimique dans le cerveau mais elle n'est en rien imaginaire, comme le laisse supposer l'expression insultante "c'est dans la tête". Autres phrases à éviter : "tu t'écoutes trop", "aie un peu de volonté",…  la volonté n'a rien à voir là-dedans.

"Et tu n'as pas testé l'acupuncture, les massages, le yoga, la kinésiologie,… pour soigner ta dépression ?" Et pourquoi pas de la poudre de perlimpinpin aussi ?  Même si cela part d'une très bonne intention, ce genre de remarque est aussi frustrante que stressante pour le proche, qui a bien souvent essayé beaucoup de choses, à commencer par une thérapie et/ou un antidépresseur, les deux traitements ayant prouvé une efficacité dans la prise en charge. Cela n'ôte pas l'intérêt des massages, du yoga ou toute activité pouvant apporter un bien-être, mais il ne s'agit en aucun cas d'un traitement.

"Mais tu n'es toujours pas guéri avec tes médicaments ?" Certaines dépressions sont dites chroniques lorsque les symptômes s'étendent sur plusieurs années. D'autres sont résistantes à certains antidépresseurs et il faut parfois essayer un autre traitement.