Journée nationale de l'eczéma : la chasse aux idées reçues

La journée nationale de l'eczéma, qui se déroule le 23 juin, donne l'occasion de faire la chasse aux idées reçues. L'eczéma est une affection mal connue et la proie de préjugés qui alourdissent le fardeau des patients. Allodocteurs.fr les met en lumière.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le
Journée nationale de l'eczéma : la chasse aux idées reçues
Crédit photo : Milan Lipowski - Fotolia.com
  • L'eczéma est une maladie peu fréquente

L’eczéma est la 2ème maladie de peau après l’acné, il concerne plus de 2 500 000 patients en France ; sa prévalence, en d'autres termes le nombre de personnes touchées dans la population a triplé depuis 30 ans (source : Journées dermatologiques de Paris, décembre 2016). On distingue l'eczéma atopique de l'eczéma de contact. Le premier est également appelé dermatite atopique, en sachant qu'une atopie désigne la prédisposition excessive à développer une allergie. Il provoque une grande sécheresse de la peau. L'affection évolue par poussée et la sécheresse de la peau s'accompagne alors de plaques rouges, avec des vésicules et des croûtes. Les démangeaisons sont intenses et conduisent à la formation de nouvelles lésions. L'eczéma, dit de contact, lorsqu'il est provoqué par une réaction allergique ; il s'agit d'une réaction disproportionnée des défenses immunitaires après un contact avec une substance, comme le téléphone portable, un bouton de pantalon (qui contiennent du nickel ou du chrome), des cosmétiques, un déodorant, etc.

  • C'est une maladie contagieuse

L'eczéma n'est absolument pas contagieux ! Il n'est pas non plus lié à un manque d'hygiène. L'eczéma atopique a une composante génétique. Si l'un des parents est touché, le risque pour l'enfant d'avoir un eczéma est de 50 à 70%. Si les 2 parents sont concernés, il passe à 80% (source : Inserm ). Un gène a été identifié : il code pour des molécules constituant une des couches de la peau, la couche cornée. La barrière cutanée est alors moins résistante et poreuse. Elle laisse s'échapper l'eau et la peau devient sèche.

  • Il est dû au stress

Le stress n'est pas à l'origine d'un eczéma puisqu'il est provoqué par un terrain atopique ou par contact avec une substance. En revanche, il est susceptible de déclencher une poussée d'eczéma. Dans un Allodocteurs.fr en date du 19/06/2016, le Dr Haudrey Assier-Plaquet, dermatologue allergologue, signalait que "même une personne qui n'a jamais eu d'eczéma peut commencer à se gratter et faire un peu d'eczéma au cours d'un stress." Chez les personnes sensibles au stress, la pratique de la relaxation, de méditation ou d'un sport, permet de réguler le stress et de limiter l'eczéma, voire de le prévenir. 

  • L'eczéma ne touche pas les enfants

Faux. Si 2 à 3% des adultes sont concernés, on estime que l'eczéma touche 10 à 20% des enfants[1] en Europe. Ce qui fait de l'eczéma atopique l'affection dermatologique la plus fréquente. Comme chez les adultes, une anomalie génétique fragilise la peau, qui devient perméable aux allergènes, substances responsables d'allergies, comme les pollens, les acariens,... Les plaques d'eczéma apparaissent, fragilisent la peau, ce qui favorise la propagation de l'eczéma. Heureusement, la plupart des enfants guérissent en vieillissant. L'application de corticoïdes sur la peau apaise l'inflammation et restaure la barrière cutanée. Ce traitement est autorisé chez l'enfant avant 2 ans, ce qui n'est pas le cas du tacrolimus, une autre option thérapeutique. L'hydratation en profondeur est indispensable pour donner à la peau la capacité de se défendre contre l'agression des allergènes. On utilise alors des émollients, autrement dit des crèmes hydratantes, sans parfum ni conservateurs.

  • Il n'a pas de retentissement psychologique.

Faux. Il peut entraîner de l'anxiété, voire une véritable dépression. Si certains patients vivent relativement bien leur eczéma, d'autres plus vulnérables en souffrent énormément. Ils finissent par se dévaloriser et perdre confiance en eux. Cela peut retentir sur tous les domaines de la vie, professionnel, sentimental, familial. Or la maladie ne devrait pas être un frein, même s'il est parfois ardu de s'en détacher ; preuve en est avec les patients qui mènent une vie épanouie. Il ne faut pas hésiter à se faire aider par un médecin ou un psychothérapeute en cas de difficultés psychologiques. Un regard extérieur aide souvent à mieux comprendre ce que l'on traverse et à trouver les clés pour mieux vivre l'épreuve d'une maladie chronique.

  • Le regard des autres ne change pas

Bien au contraire… La peau joue un rôle important dans la relation à l'autre. Elle s'offre en premier au regard des autres. Les lésions peuvent provoquer un rejet, un dégoût ou un jugement négatif qui n'ont pas lieu d'être puisqu'il s'agit d'une maladie. Lorsque la maladie est mal vécue, les remarques de l'entourage sont parfois très blessantes alors que les proches cherchent simplement à s'intéresser à la maladie. Une meilleure communication pourrait favoriser le dialogue et l'acceptation de part et d'autre. Un travail avec un psychothérapeute restaure la confiance en soi et apprend à mieux vivre les réactions négatives. Il est vivement conseillé quand l'eczéma provoque une souffrance psychologique.

[1] Source : Thérapeutique-dermatologique.org 

 

L'eczéma, un retentissement majeur

Comme toutes les maladies de peau, l'eczéma a des conséquences physiques mais aussi psychologiques. Une étude baptisée ECLA a montré le retentissement important de l'eczéma sur la qualité de vie. Lors des poussées, les démangeaisons altèrent le sommeil, les activités, l'humeur. Outre les symptômes gênants qu'il provoque, les patients souffrent aussi du regard des autres et du poids des idées reçues. Avec les yeux, la peau est ce que les autres perçoivent de nous en premier. Il est aisé de comprendre à quel point la confiance en soi est mise à mal et la qualité de vie altérée…