Agnès Buzyn veut revaloriser la psychiatrie

La ministre de la Santé Agnès Buzyn promet plus de moyens pour la psychiatrie, dont elle veut faire évoluer le modèle de financement et le mode d’organisation.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
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image d'illustration -  —  © photo Vadimguzhva/iStock

La psychiatrie ne sera plus "le parent pauvre" de la médecine. Agnès Buzyn s’y engage. La ministre de la Santé a annoncé, en clôture du Congrès de l'Encéphale à Paris, qu’elle en faisait une "priorité de santé". Elle présente, ce vendredi 26 janvier, un plan de douze mesures d’urgence en faveur de la psychiatrie, sur la base de propositions formulées en décembre par l’ensemble des représentants de la spécialité.

Un financement et une organisation revus

"La psychiatrie est une discipline qui s’est paupérisée et sur laquelle il n’y a pas eu un vrai investissement depuis des années. Pourtant les besoins sont en constante augmentation, a déclaré la ministre à nos confrères du Monde. Dans beaucoup d’endroits, les psychiatres tirent la sonnette d’alarme sur les moyens parce que leur activité est la variable d’ajustement du budget du reste de l’hôpital." Selon Agnès Buzyn, les établissements autorisés en psychiatrie demeurent aujourd'hui financés par des dotations historiques, marquées par d'importantes inégalités entre régions et établissements. Ce modèle doit évoluer. "La psychiatrie sera l'une des premières disciplines concernées par les financements des parcours innovants, tels que prévus par l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale", a promis la ministre, comme le rapporte l’AFP. "Je veillerai à ce que le budget de la psychiatrie soit préservé dans les Groupements hospitaliers de territoires et dans les hôpitaux généraux."

Un budget préservé et non pas forcément augmenté : pour Agnès Buzyn, l’augmentation budgétaire ne peut pas être la réponse systématique et est souvent une solution de facilité. La priorité reste pour elle le dialogue et la concertation. "Il vaut mieux d’abord faire en sorte que les professionnels s’organisent et se parlent plutôt que de systématiquement rajouter des moyens dans des endroits qui sont mal organisés ou qui ne respectent pas les bonnes pratiques."

La fin du dualisme entre médecine somatique et psychique

La ministre a aussi estimé fondamental que la psychiatrie soit totalement être intégrée au monde de la santé et soumise aux mêmes exigences de qualité et de pertinence des soins que les autres spécialités. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité de faire tomber la barrière entre médecine somatique et psychique. D'après elle, "l'organisation des soins met trop de distance entre les établissements spécialisés en santé mentale, les hôpitaux généraux et les praticiens de ville, de médecine somatique ou de psychiatrie". Conséquence : les malades psychiatriques ne bénéficient pas des mêmes soins somatiques que les autres, ce qui est préjudiciable pour leur santé et fait baisser leur espérance de vie.


Dans ce combat, Agnès Buzyn veut faire jouer un rôle central aux médecins généralistes. Mieux formés aux problématiques de santé mentale, ils pourraient prendre en charge plus de situations et, si nécessaire, mieux orienter les patients. Des changements dans l’organisation des études de médecine vont permettre de mieux faire face aux besoins. "Tous ces futurs praticiens effectueront un stage obligatoire en psychiatrie au cours de leurs études. Trois ou six mois, les modalités restent à discuter", a aussi déclaré la ministre au Monde.

A la rescousse de la pédopsychiatrie

Autre chantier prévu : s’attaquer à la pénurie de pédopsychiatres et de ses conséquences sur la formation des étudiants. "Les professionnels sont débordés, et les universitaires ne peuvent plus faire d’enseignement et de recherche tellement il y a de patients à prendre en charge. Il y a des régions entières où il n’y a pas de formation." Pour lutter contre cette absence d’investissement, véritable "cercle vicieux", la ministre a déclaré vouloir qu’il y ait au moins un poste de professeur de pédopsychiatrie par faculté de médecine, estimant qu’il s’agissait là d’un "premier pas indispensable pour retrouver l’attractivité". Parallèlement, les tarifs de certaines consultations de pédopsychiatrie devraient être réévalués.

Objectifs de ces réflexions et réformes : mieux prendre en charge les malades psychiatriques pour, in fine, faire céder la stigmatisation dont ils continuent de souffrir. "Le regard de la société sur ce secteur doit changer", insiste Agnès Buzyn.