Santé mentale des enfants : des pistes pour réformer la pédopsychiatrie

Alors que les troubles psychiatriques chez les enfants sont en recrudescence depuis le Covid, la Cour des comptes appelle à réorganiser une filière pédopsychiatrique "saturée" et "inadaptée".

Anne-Firmine Mayala avec AFP
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Santé mentale : les enfants laissés-pour-compte
Santé mentale : les enfants laissés pour compte Santé mentale : les enfants laissés-pour-compte  —  Le Mag de la Santé - France 5

Réformer la pédopsychiatrie. C'est la volonté qu'affiche la Cour des comptes à la Commission des affaires sociales dans un rapport publié le 21 mars. 

Dans ce document, elle affirme que plus d'un enfant sur dix "souffre d'un trouble psychique", tandis que la filière pédopsychiatrique est "saturée" et "inadaptée aux besoins de la jeunesse".

1,6 million d'enfants en souffrance psy

La crise sanitaire du Covid a révélé et aggravé l’ampleur du problème : "environ 1,6 million d'enfants et adolescents souffrent d'un trouble psychique", estime la Cour des comptes, soulignant qu'en la matière, la France se situe "dans la moyenne" des pays riches.

La moitié de ces jeunes, équivalente à "entre 750 000 et 850 000" par an, "bénéficie de soins prodigués en pédopsychiatrie", la plupart du temps dans des centres médico-psychologiques (CMP) "submergés par les demandes".

Et pour cause : le nombre de lits dédiés dans les hôpitaux (autour de 2 200 aujourd'hui) a chuté de 60% en 30 ans, tandis que les effectifs de médecins spécialisés (un peu plus de 2 000 actuellement) ont fondu d'un tiers durant la dernière décennie.

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"Mieux utiliser" les financements

Pourtant, plus de 3 milliards d’euros sont dépensés chaque année pour la pédopsychiatrie, à la fois dans les structures sanitaires et sociales. La Cour des comptes estime que cet argent "pourrait être mieux utilisé", même si "c'est une cause qui mérite d'avoir les financements adaptés", a déclaré son président Pierre Moscovici lors d'une conférence de presse.

Ainsi, pour soulager les CMP et leur permettre de "se consacrer au suivi des troubles modérés à sévères", le rapport recommande de s'appuyer sur les 25 000 psychologues libéraux, qui "ont vocation à prendre progressivement une place dans le parcours de soins". 

Décharger les CMP

La Cour suggère également de décharger les CMP de leurs missions d'évaluation et d'orientation des jeunes patients, qui représentent "près de 50% de leur travail". À cette fin, elle préconise de créer des "maisons de l'enfance et de l'adolescence", qui pourraient "assurer un accueil de première ligne plus efficace".

Quant aux hôpitaux, qui accueillent les cas les plus graves, le rapport préconise un "renforcement du nombre de lits de pédopsychiatrie", mais "en nombre limité" et "par redéploiement de lits adultes".