Quels sont les liens entre sommeil et sexualité ? Un sexologue nous explique !
La vie sexuelle et le sommeil sont intimement liés. Le Dr Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue, nous explique pourquoi bien dormir pourrait être la clé d'une sexualité épanouie... et réciproquement !

Les relations entre sommeil et sexualité sont parfois tumultueuses... Une mauvaise nuit peut non seulement altérer l'énergie, mais aussi perturber les hormones, l'humeur et, par ricochet, la vie intime et sexuelle. Mais des pathologies du sommeil peuvent également être liées à divers troubles sexuels et s'avérer handicapantes au quotidien et dans le couple.
L'apnée du sommeil est-elle liée à une moins bonne sexualité ?
L'apnée du sommeil est l'un des troubles du sommeil les plus courants : elle touche environ un adulte sur cinq. Ses symptômes commencent à être bien connus : des pauses respiratoires répétées au cours de la nuit, souvent accompagnées de ronflements importants, d'un sommeil fragmenté et de somnolence pendant la journée.
Ce que l'on sait moins, c'est que l'apnée du sommeil est également associée à des troubles sexuels dans la majorité des cas : baisse de la libido chez l’homme comme chez la femme, difficultés d’excitation, troubles de l’érection... Il n’est d'ailleurs pas rare qu’un trouble sexuel soit le point de départ qui mène au diagnostic d’une apnée du sommeil.
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Moins de sommeil = une sexualité de moins bonne qualité
Il ne s'agit toutefois pas du seul trouble du sommeil à avoir des effets sur la sexualité. Les insomnies sont également particulièrement corrélées à des troubles sexuels. Des études scientifiques montrent en effet que les personnes qui dorment mal ont deux fois plus de risques de souffrir de dysfonctions sexuelles. Deux tiers des personnes qui dorment moins de cinq heures par nuit déclarent avoir une vie sexuelle ralentie et peu satisfaisante.
La mauvaise qualité de sommeil nous prive des phases de sommeil profond qui sont essentielles pour l’équilibre de nos hormones, notamment les hormones sexuelles. De plus, la privation de sommeil perturbe les neurotransmetteurs comme la dopamine ou la sérotonine, eux aussi étroitement liés à la libido. S’ajoutent à cela les effets collatéraux du manque de repos : anxiété, irritabilité et troubles de l’humeur, autant de facteurs qui ont des conséquences indirectes sur la vie intime.
Les érections nocturnes sont-elles normales ?
Au contraire, lorsque le sommeil est de qualité, l’organisme peut activer différents processus physiologiques pendant le sommeil paradoxal, la phase qui suit le sommeil profond. Chez les hommes, ce sont les fameuses érections nocturnes. Chez les femmes, il s'agit plutôt d'une congestion clitoridienne.
Ces réactions ne sont pas déclenchées par des rêves érotiques, comme on pourrait le penser, mais elles ont plutôt un rôle d’entraînement mécanique pour nos organes génitaux. Elles maintiendraient les organes sexuels en état fonctionnel, prêts à réagir lors d’un rapport. C’est aussi l'une des raisons pour laquelle le mauvais sommeil altère notre fonctionnement sexuel : les insomnies nous privent de ces phases de sommeil qui permettent aux organes génitaux de rester actifs.
Il semblerait même que ces excitations nocturnes influencent le contenu de nos rêves. Certaines recherches suggèrent que c’est la stimulation physique qui précède les rêves érotiques, et non l’inverse. Les rêves érotiques peuvent ensuite eux aussi donner un état d’excitation physique au corps... comme si ces deux phénomènes coexistaient et s’influençaient mutuellement !
Faut-il s'inquiéter des "pollutions nocturnes" ?
Les "pollutions nocturnes" correspondent à un vieux terme utilisé pour désigner le fait de se retrouver au réveil avec du sperme ou des sécrétions vaginales sur les sous-vêtements. Pas d'inquiétude : ces phénomènes sont parfaitement normaux et ne traduisent aucun trouble. Ils sont simplement la suite logique des mécanismes d'excitations nocturnes.
Les pollutions nocturnes peuvent également être un mécanisme naturel pour permettre à l'organisme de "réguler" et de renouveler les spermatozoïdes par exemple. En effet, s'ils restent plus d’une semaine dans le sperme, ils vieillissent et deviennent moins fertiles. Le corps les élimine donc pour en produire de nouveaux.