Le burn-out des centres médico-psychologiques
Regroupement des structures, listes d’attente, délais à rallonge pour obtenir un rendez-vous... Au même titre que les hôpitaux, les centres médico-psychologiques subissent de plein fouet les effets de la crise du secteur de la psychiatrie. Reportage.
Le centre médico-psychologique (CMP) de Charenton, en région parisienne, propose des consultations gratuites aux personnes souffrant de troubles psychologiques ou psychiatriques. Au CMP, la demande est très forte. “J’accorde normalement une demi-heure par patient. Un rendez-vous de 15 minutes ce n’est pas faisable en psychiatrie. On a besoin d’un temps, de se poser, de discuter", se désole le Dr Just, psychiatre, qui travaille une matinée par semaine pour ce CMP.
A lire aussi : Troubles bipolaires : et si on prenait au sérieux la détresse psychologique de Kanye West ?
Un manque de moyens
Pour le Dr Alain Cantero, psychiatre chef de pôle à l'hôpital St Maurice (94), le CMP est confronté, comme les hôpitaux, au manque de moyens et à l’hémorragie des psychiatres en libéral. “Il est difficile de recruter des soignants. Les salaires et les conditions de travail ne sont pas attractifs, les conditions de travail ne sont pas attractives.”
Les demandes de suivi ne cessent de croître. Encore plus depuis la crise sanitaire. “Habituellement, on a une majorité de patients qui souffrent de troubles psychotiques : de schizophrénie, de troubles bipolaires”, précise le Dr Cantero. “Avec le Covid, plus de jeunes ont fait appel au CMP, pour des troubles anxieux ou de la déprime. Nous avons subi cet afflux sans avoir les moyens d’y faire face.”
Une forte demande depuis la crise sanitaire
Le CMP de Charenton a dû s’organiser pour limiter les délais de rendez-vous qui vont parfois jusqu’à plusieurs mois. Tous les mardis, l’équipe pluridisciplinaire - composée d’infirmières, de psychologues, ou encore de médecins - se rassemble pour évoquer les nouvelles demandes. Faute de moyens suffisants, tous les patients ne peuvent pas être suivis ici. Ces réunions servent à les réorienter vers les cabinets libéraux, les structures spécialisées pour les étudiants ou encore les services d’addictologie.
Grâce à une ouverture 7 jours/7 et à un accueil d’urgence, les délais d’attente vont de quelques jours à quelques semaines. Des délais courts, qui sont une exception parmi la majorité des CMP.
