Patients cherchent psychiatres désespérément !

A Bailleul, dans les Flandres, un établissement public de santé mentale est menacé de fermeture. La pénurie de psychiatres est la malheureuse illustration de ce qui frappe tout le pays et qui pénalise les malades et leurs familles.

Adélie Floch
Rédigé le , mis à jour le

Devant l'hôpital psychiatrique de Bailleul, ces croix noires, symboles de la crise, accueillent les visiteurs.   
Ici, 50% des lits d’hospitalisation vont fermer, le reste sera très probablement transféré sur un autre site.  Depuis des semaines, l’intersyndicale se bat contre le démantèlement de l’établissement. 

Crise profonde de la psychiatrie

Laetitia Declerq, infirmière en psychiatrie, secrétaire CGT des Flandres : "On est la vitrine de tous les maux de la psychiatrie, manque de moyens financiers, manque de moyens humains. Il faut qu’on continue d’alerter sur la situation dramatique de notre établissement et on se battra jusqu’à la fin. Ce n'est juste pas possible d’avoir un désert psychiatrique sur notre territoire".  

Dans cet hôpital, le manque d’internes pèse lourdement sur le travail des psychiatres. Certains débordés, finissent par rendre leurs blouses.  Sur 6 médecins, 3 ont décidé de partir et impossible pour la direction de les remplacer.

Une pénurie de psychiatres dans le Nord

"On ne trouve pas à recruter de psychiatres, qui, soit ne font plus le choix du service public, soit pour certains d’entre eux, sont déjà là et le quittent. Aujourd’hui, c’est une réalité dans tous les établissements publics de santé mentale", confie Valérie Bénéat-Marlier, directrice EPSM des Flandres.

A Dunkerque, Marie-Claude et Josette vivent chacune avec leurs fils schizophrènes âgés d’une cinquantaine d’années. Pour eux, l’accès aux psychiatres est primordial, surtout en cas de crise.

Il y a quelques jours, le fils de Josette est entré en "décompensation", il ne dort plus et ne se contrôle plus. Seulement, il n’y a personne pour le prendre en charge rapidement. 

Inquiétude pour l'avenir des malades

"Il a senti qu’il avait besoin de voir sa psychiatre, il aura rendez-vous le 19 octobre donc d’ici là, la décompensation a le temps de se multiplier", explique  Josette Le Gars de l'association L'Envol dunkerquois.

"L’un de nos gros problème, est qu’on sait qu’on ne va pas durer pour toujours, donc c’est quelque chose qui nous travaille, qui nous donne beaucoup d'émotions, beaucoup de soucis.
Que vont-ils devenir ? Comment mettre en place des choses pour eux ? Quand on ne sera plus là ?",
s'inquiète Marie-Claude Moreews de l'association L'Envol dunkerquois.  

La crise que traverse la psychiatrie est profonde , près de  30% des postes de praticiens ne sont pas pourvus en France.