"Snapchat syndrome", ces jeunes qui passent du filtre à l'injection

A force de voir des images retouchées sur les réseaux sociaux ou d’appliquer des filtres sur le visage au moment de prendre une photo, de plus en plus de jeunes franchissent le pas et ont recours à des soins esthétiques. Reportage.

Alexandra James
Rédigé le , mis à jour le

Le corps de Kim Kardashian, les yeux de Kylie Jenner, et la bouche de Nabilla… Ces photos de stars envahissent les réseaux sociaux. Jusqu’à donner envie aux plus jeunes de leur ressembler.

Pour cela, rien de mieux que les filtres, ces effets qui rendent votre nez fin, vos pommettes roses et votre bouche pulpeuse.

Des filtres qui altèrent la perception de l'image

"C’est vrai que beaucoup de monde met des filtres sur Snapchat, sur Instagram aujourd’hui. Forcément quand on a un filtre, ça grossit les lèvres, ça donne une meilleure mine, ça aide. C’est vrai que quand on s'habitue à avoir des filtres, quand on revient à la réalité, on se dit  que c'était bien, que c'était joli", explique Manon, 26 ans.

Ces filtres modèlent le visage et peuvent altérer la perception de sa propre image. Aujourd’hui, Manon souhaite faire une injection aux lèvres, pour qu’elles ressemblent à celles affichées sur les réseaux sociaux.

"J’aime bien mes lèvres, mais j’aimerais juste qu’elles soient un peu plus pulpeuses, j’ai envie d’essayer", confie Manon.

Pour cela, la jeune femme a rendez-vous dans un cabinet d’esthétique à Paris. Elle vient y faire une injection à l’acide hyaluronique, qui va repulper ses lèvres.

Les jeunes représentent 30% de la clientèle

"Vous avez une idée de ce qui vous ferait plaisir ? La lèvre du dessus un peu plus pulpée. Très bien donc un peu de volumétrie. Faites un bisou", demande le Dr Laurence Benouaiche.

"Lorsqu'on reçoit une demande d’un jeune qui vient en consultation pour la première fois faire des actes esthétiques, on en discute avec lui, sur ses motivations. Ils n'ont pas forcément conscience que c’est un geste médical, qu’il y a des précautions à prendre et qu’il y a un impact non seulement sur la beauté mais sur leur santé aussi", explique le Dr Laurence Benouaiche.

C'est un geste médical qui a un coût. 400 euros pour des lèvres redessinées pendant 15 mois, avant que cela ne disparaisse. Le Dr Benouaiche reçoit de plus en plus de demandes d’injections comme celle-ci et n’hésite pas à les satisfaire. 

Les jeunes représentent désormais 30% de sa clientèle, contre à peine 5% il y a encore quelques années.

Le "Snapchat syndrome"

Pour être certaine du résultat, Manon n’hésite pas à montrer sa source d’inspiration, les filtres.

"On a de plus en plus de jeunes qui viennent en consultation pour demander des injections en particulier de lèvres. C’est dû en premier lieu aux selfies. Ils viennent avec la photo de Snapchat, de leur filtre, comme Manon a pu le faire à présent et ils me disent "Je veux ressembler à mon filtre". C’est ce qu’on appelle le Snapchat syndrome", confie le Dr Laurence Benouaiche.

Après avoir appliqué une crème anesthésiante, la chirurgienne injecte l’acide hyaluronique dans les lèvres, un produit résorbable. L’intervention n’est pas très douloureuse et dure à peine dix minutes. Le résultat est immédiat.

Manon est ravie de sa nouvelle bouche. Pour le moment, elle n’envisage pas d’autres interventions esthétiques.