Le Mediator comme coupe-faim dès 1966 : l'accablant brevet français retrouvé

Le Canard enchaîné a révélé que les laboratoires Servier connaissaient l'effet coupe-faim du Mediator depuis 1966 grâce à un brevet américain. Comme Bonjour-docteur vous le révélait dès mercredi, le brevet français de la même époque mentionne ouvertement l'objectif du médicament.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le Mediator comme coupe-faim dès 1966 : l'accablant brevet français retrouvé

La ligne de défense de Servier est mise à mal suite à la révélation du Canard enchaîné. Le journal a en effet découvert que le laboratoire connaissait les effets coupe-faim du Mediator® dès 1966 en se basant sur le brevet déposé aux Etats-Unis à cette époque. Ce brevet mentionne que la molécule incriminée possède "une activité anorexigène analgésique, anticonvulsivante et de régulation du métabolisme des lipides, une propriété mentionnée avant toutes les autres".

Selon les propos de Lucy Vincent, porte-parole des laboratoires Servier, pour Rue89 il n'y a rien de grave dans le contenu du brevet : "Quel est le problème ? Le brevet est une étape qui concerne la recherche chez l'animal. Nous n'avons jamais nié l'effet anorexigène chez le rat, ce que nous nions c'est l'effet anorexigène chez l'homme, aux doses thérapeutiques."

Pourtant un brevet similaire déposé en France le 3 juillet 1967 reprend les utilisations possibles de la molécule : "Ils (les nouveaux dérivés et leurs sels physiologiquement compatibles) peuvent être employés en particulier comme médicaments anorexiant, analgésique, anticonsulsivant (sic) ou régulateur du métabolisme des lipides." Mais il est surtout mentionné à la fin du résumé une proposition de posologie : "L'administration par voie orale, rectale ou parentérale d'un médicament selon 1 à 12, à la dose de 10 à 200 mg, pour le traitement de l'obésité, de la douleur et de l'épilepsie."

Contactée par Bonjour-docteur, Lucy Vincent a indiqué qu'un droit de réponse allait être communiqué. En voici un extrait : "Aucune étude à ce jour, et encore moins antérieure au dossier d'autorisation de mise sur le marché de 1974 n'a démontré que le Médiator® avait un effet anorexigène chez l'homme aux doses thérapeutiques indiquées par la notice."

Le Dr Irène Frachon, médecin qui a révélé l'affaire du Mediator®, a elle été jointe par téléphone pendant l'émission "Le magazine de la santé" du 12 octobre 2011. A la question "Ces nouvelles révélations mettent-elles à mal la ligne de défense des Laboratoires Servier ?", le Dr Frachon répond : "L'intention est clairement affichée. Il s'agit de breveter une nouvelle classe de coupe-faim dont fait partie le Mediator®."

Irène Frachon s'insurge ensuite contre Servier qui aujourd'hui nie les faits, alors que selon elle, le groupe "a constamment revendiqué à partir des propriétés de la molécule chez l'animal l'extrapolation à l'homme." Preuve en est l'extrait de la fiche du Mediator® dans le Vidal, dictionnaire des médicaments : "On peut lire que le Mediator® a deux actions, l'une sur le diabète et l'autre sur les lipides, l'excès de gras observés chez le rat, le rat obèse et le lapin. Ces mécanismes pourraient expliquer la diminution de gras observé chez l'homme."

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