Crise en Italie : des répercussions sous la couette aussi

Les sexologues italiens ne connaissent pas la crise. Les ''latins lovers'', longtemps réticents à parler de leurs troubles sexuels, franchissent désormais avec leurs madones la porte du cabinet de sexologie. Les causes ? La baisse de désir, le vaginisme, mais surtout le retentissement des difficultés économiques sur leur sexualité.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Crise en Italie : des répercussions sous la couette aussi

La crise économique qui frappe l'Italie depuis plusieurs années est source de beaucoup d'angoisse et de pessimisme, deux émotions négatives qui se répercutent souvent sur la sexualité. Il est ardu de penser aux galipettes lorsque l'on est préoccupé par sa situation financière et son avenir... On connaît la réputation de machos des Italiens qui ont un temps refusé d'aborder leurs difficultés sexuelles avec un professionnel, par gêne ou par honte, au prix d'une stagnation de leurs troubles, de retentissements conséquents sur l'harmonie conjugale, voire de divorce. Ils ont désormais changé d'avis si l'on en croît l'augmentation de 15% en cinq ans des consultations chez les sexologues.

Alors est-ce uniquement dû au seul changement des hommes italiens ? Le fait de consulter se banalise peu à peu et peut biaiser les résultats et il est connu que la crise a des répercussions sur la sexualité.

Le bien-être sexuel, pris en charge en Italie

Quoiqu'il en soit, en Italie, les thérapies, à raison de deux visites hebdomadaires durent en moyenne six mois et la prise en charge n'est pas uniquement médicamenteuse : les médecins ont instauré les "semaines du bien-être sexuel", dont l'objectif est de rapidement identifier le problème et parvenir à une solution. Si les inhibiteurs de la phosphodiestérase, en tête duquel caracole le Viagra®, ont un effet sur l'érection, la prise en charge de la baisse de désir passe par une compréhension psychologique de ses origines. Alors à Milan, Naples et Bari, des "urgences du sexe" ont ouvert pour pouvoir répondre à la demande : en réglant simplement un ticket modérateur qui ne dépasse pas les 20 euros, les Italiens ont une solution rapide et à portée de bourse. Des projets similaires sont en cours à Rome et des centres d'écoute privés ont également vu le jour dans d'autres grandes villes.

Ce n'est pas tout, puisque la sexologie n'est toujours pas inscrite au programme des facultés de médecine, la formation des étudiants évolue grâce à certains professeurs des universités qui mettent en place des séminaires portant sur les problèmes de couple et leur résolution.

Source : "Italie, la crise touche aussi les couples, les recours au sexologue augmentent", Le Quotidien du médecin, 17 décembre 2014.

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